Un bref passage à Oum El Bouaghi qui révèle, à travers quelques rencontres de confrères, la dure et complexe réalité où évoluent les correspondants de presse. Quand on circule dans cette ville qu'est Oum El Bouaghi ; il est rare de voir l'enseigne d'un quelconque journal à l'exception de celle d'El Khabar. La ville ne possède pas encore une maison de la presse et les bureaux des organes comme l'APS, Liberté ou Akher Saa le quotidien régional qui parait à Annaba sont dispersés aux quatre coins de la ville. Il est vrai que beaucoup de titres ne sont pas représentés dans cette cité qui jette ses tentacules dans tous les sens. Ain Mlila ou le commerce notamment des pièces détachées bat son plein et Ain Beida qui a avait toujours eu un prestige intellectuel ne peuvent plus regarder de haut ce qui était une simple bourgade. Sa désignation en 1974 comme chef-lieu de wilaya avait surpris même ses propres habitants. La région a d'ailleurs cette particularité de compter des journalistes qui écrivent davantage sur Ain Beida que sur le chef lieu de wilaya. En une trentaine d'années la métamorphose est pourtant totale. L'ex centre qui portait le nom de Canrobert du nom d'un ex-général de la colonisation qui mata sauvagement au XIX eme siècle la révolte des Zaatchas se rapetisse alors que dans la plaine naît une nouvelle ville moderne et spacieuse qui porte le nom de Makomades. De 14 000 habitants la population est passée à prés de 85 000 et l'université érigée à la sortie ouest de la ville ainsi que les ensembles de bâtiments donnent une allure moderne à Oum El Bouaghi. Pour autant, les comportements citadins ne marquent pas les lieux et les esprits. Ainsi, on ne trouve pas de familles ou de couples dans la magnifique forêt de pins de Sidi Rghiss qui surplombe la ville. Paradoxalement, certains titres en arabe qui se situent en tête des ventes à l'exemple d'Echourouk ou d'Ennahar sont démunis de sièges. L'importance pour un titre d'avoir un représentant n'est plus à démontrer. Il est l'oreille et les yeux dans les localités où le lectorat est avide de découvrir les problèmes qu'il vit au quotidien. Pourtant si tout parait simple, la réalité est plus compliquée. Le correspondant n'est plus cet homme privilégié qui est l'unique interlocuteur des pouvoirs locaux. S'il n'est plus accablé par cette proximité qui en faisait surtout un privilégié, aujourd'hui, il souffre d'autres accusations. On lui reproche les articles de complaisance. La prolifération des titres a fait relâcher le respect de la déontologie. La palette des manquements est effarante. A sa décharge, ses droits sociaux sont bafoués et son travail dans beaucoup de rédactions est peu valorisé alimentant les rubriques régionales considérées comme fourre tout. Ceux qui ont une longue expérience souffrent souvent de la condescendance de jeunes moins expérimentés et moins compétents mais favorisés par le travail à la centrale. Pour 5000 DA, des journaux cherchent à recruter et l'on est peu regardant sur la formation. La rédaction d'une brève ou d'un simple fait divers n'exige pas un niveau de formation exceptionnel. Certains titres abusent du recours aux longues périodes de stage qui permettent de recruter et de suspendre à tour de bras. Mais au pire chômeur ou exerçant un autre métier en plus la plupart des correspondants ont-il vraiment le choix ?