Photo : Slimene SA. «L'unité nationale était le point le plus important. Krim Belkacem a fait remarquer, lors des négociations, que l'Algérie ne recouvrera pas sa souveraineté une fois les accords signés mais l'a déjà recouvrée en 1959, après la déclaration de de Gaulle. «Les accords d'Evian peuvent faire l'objet de plusieurs lectures, et même susciter des interrogationset des critiques. Mais ce qu'il faut savoir c'est que l'objectif essentiel de ces accords est d'arracher l'indépendance de l'Algérie, revendiquée depuis les premiers temps de la colonisation», a affirmé hier au forum El Moudjahid, Abdelmadjid Chikhi, DG de l'Institut national des archives, dans une rencontre sur les accords d'Evian. Avant d'évoquer le contenu des accords, l'intervenant revient sur la terminologie utilisée pour définir ces accords entre les négociateurs algériens et français. «Quand elle évoquait les accords d'Evian, la France ne disait pas «accords» mais «déclaration gouvernementale». Un accord a lieu entre deux Etats ou deux parties égales. Or, l'Algérie n'était pax considérée comme étant un Etat. Les négociateurs algériens, par contre, insistent sur le mot «accords». Car du moment que Charles de Gaulle a affirmé, lors d'une déclaration en 1959, que le peuple algérien a le droit de choisir sa destinée, l'Algérie est par conséquent reconnue comme étant un Etat», explique-t-il. «La France se contredisait. D'un côté, elle dit que le peuple algérien est libre de choisir son destin et par ce fait, reconnaissait aux militants algériens le titre de combattants et d'un autre côté, par son comportement, elle continuait de considérer la révolution comme un acte de rébellion et les résistants algériens comme des hors la loi», ajoute-t-il avant de souligner, dans le même contexte, que si l'Algérie avait considéré les Accords comme étant de simples déclarations gouvernementales, cela signifie que la France a offert gracieusement l'indépendance à l'Algérie. Pour ce qui est du contenu des accords d'Evian, le conférencier fait savoir que les négociateurs algériens ont reçu instruction du GPRA d'aborder deux points essentiels : la souveraineté de l'Algérie et la question du Sahara. «L'unité nationale était le point le plus important. Krim Belkacem a fait remarquer, lors des négociations, que l'Algérie ne recouvrera pas sa souveraineté une fois les accords signés mais l'a déjà recouvrée en 1959, après la déclaration de de Gaulle. La preuve est que nos militants n'ont pas attendu 1962 pour créer le gouvernement provisoire», dit-il. «On a dit que nos négociateurs n'étaient pas à la hauteur, qu'ils ont fait des compromis. Mais pour comprendre leurs agissements, il faut revenir à la conjoncture et à la situation de l'époque. L'Algérie était sous pression, la France également. Les compromis étaient faits des deux côtés», conclut-il.