Les dates phares ayant mené aux accords d'Evian ont été la thématique débattue ce jeudi dernier, au Sénat dans le cadre d'une conférence consacrée aux « contacts, négociations et pourparlers durant la lutte de libération nationale », animée par M. Daho Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales et président de l'association des anciens du MALG (ministère des Armements et des Liaisons générales) D'emblée, le conférencier rappelle que ce ne sont pas les pourparlers qui ont permis l'indépendance mais la souffrance et les sacrifices consentis par le peuple algérien durant les sept années et demie de la guerre de libération nationale. « Les pourparlers ont été la porte pour sortir d'un état de guerre à un état de paix », a-t-il souligné. «L”Algérie a traité avec la France en tant qu'Etat souverain», a-t-il ajouté. M. Ould Kablia est ensuite revenu sur les points faibles de la partie françaises et comment les négociateurs algériens l'ont menée à des concessions l'une après l'autre. « Les dirigeants français ont à la fin reconnu que le FLN est le représentant légitime du peuple algérien et que ce dernier a lutté pour l'indépendance et non pas pour agresser le peuple français », a expliqué le président de l'association des anciens du MALG. «La France était accusée d'avoir prolongé la guerre avec nous pour des raisons économiques et stratégiques, mais elle s'est vue obligée, par la suite, de changer ses positions après s'être rendu compte que le peuple algérien était, dans sa totalité, favorable à l'indépendance », a-t-il ajouté. L'orateur a également affirmé que les Algériens étaient unis en dépit des divergences qui ont suscité des malentendus entre la direction de l'état-major des frontières et des membres du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne). « 31 officiers ont voté pour l'adoption des accords d'Evian contre seulement trois ou quatre. Ces derniers ont à la fin décidé de se soumettre à la décision du GPRA », a-t-il fait remarquer. Le ministre a également évoqué la question des crimes commis par la France en Algérie. Il a affirmé qu'il n'existe pas de points secrets dans les accords d'Evian et que ces derniers prévoyaient une amnistie pour les crimes commis avant la date du cessez-le-feu et plusieurs types de coopération entre la France indépendante et l'Algérie indépendante. Mais selon lui, il existe deux points qu'on ne doit pas intégrer dans ce cadre : la question des essais nucléaires et celle des mines antipersonnel. A propos du premier point, il rappelle qu'à l'époque la France elle-même et toutes les superpuissances n'étaient pas conscientes des conséquences néfastes des expériences dans le domaine du nucléaire. Le président de l'association des anciens du MALG estime qu'il faut donc privilégier le dialogue et la concertation diplomatique entre les deux pays pour trouver une solution. Concernant le second point, M. Ould Kablia dira que quand les Français avaient leurs 12 millions de mines antipersonnel tout au long des frontières, ils étaient conscients que leur danger allait perdurer 100 ans. « La France est accusée sur ce point, elle doit reconnaître sa responsabilité. C'est un problème qu'on peut régler par les voie diplomatiques », assure-t-il encore une fois.