Il était de passage samedi dernier à la librairie Media-Plus à Constantine pour une vente dédicace de son dernier roman «La Chambre de la vierge impure», paru aux Editions Barzakh. L'écrivain Amin Zaoui a partagé durant quelques heures, un agréable moment avec un public avide de le rencontrer. Tout d'abord pourquoi ce titre si provocateur ? Kateb Yacine disait, la littérature c'est de la provocation. Je considère pour ma part qu'une littérature sans provocation est une littérature morte. Mais pour le faire, il faut acquérir un savoir, avoir tout une culture et il faut aussi bien choisir ses thèmes, à ce moment là, la provocation devient alors une sorte de réflexion. Je ne trouve pas que mon titre soit assez provocateur. Dans un sens, ça peut vouloir dire comment marier la dignité et la virginité. Dans notre société, tout ce qui tourne autour de la virginité est une honte, elle est même impure des fois, la non virginité est la sœur de satan. Le deuxième sens de la virginité est en rapport avec l'Algérie, puisque tout est vierge dans ce pays. Sentez-vous une différence lorsque vous vous adressez à vos lectorats arabophone et francophone ? J'étais dans cinq ou six villes pour dédicacer mon roman, et j'ai pu constater que le lecteur francophone en Algérie accepte facilement la différence, la levée des tabous, il accepte aussi le dialogue, il lit vraiment un roman. Par contre chez le lecteur arabophone, je ne ressens pas cela, le lecteur fait des jugements intérieurs, sans vraiment lire mes œuvres. La littérature arabe n'est pas encore sortie de la poésie, de la culture traditionnelle et des textes religieux. Je pense qu'il faudrait une rupture, mais je reste le même quand j'écris dans les deux langues. Quel est votre point de vue concernant la polémique déclenchée il y a quelques jours sur la caravane de Camus, qui devait sillonner plusieurs villes du pays ? Malheureusement les algériens passent complètement à côté. Albert Camus est un capital important pour l'Algérie mais on mélange trop les choses, entre la politique et la littérature. Certes Camus avait ses propres positions sur la guerre d'Algérie, mais il faut voir cela sur un autre registre. Ce qu'il a écrit sur la Kabylie par exemple est un fort témoignage. C'était un écrivain qui était rejeté par les algériens et par les colons. Donc, je ne suis pas contre la venue de la caravane, par contre si ça pose un problème, je suis pour un débat. Dans votre roman, «La Chambre de la vierge impure» le thème du dédoublement revient souvent, pourquoi ? Comme la vie, la littérature c'est du va et vient. La certitude dans le roman n'existe pas, il y a toujours un doute. Pour moi, la littérature est un jeu, comme les jeux d'enfants dans lequel il y a de l'innocence ou de la méchanceté, du diabolique ou au contraire de l'angélique. La littérature est comme la tempête, elle peut frapper à n'importe quel moment. Et l'écrivain qui ne sait pas creuser dans la tempête ne sera pas creusé dans les cœurs. On remarque aussi l'omniprésence de la ville de Bougie et du personnage Ibn Khaldoun. Est-ce un hommage à ces deux symboles ? Oui, ça l'est. Pour la ville de Bougie, je ne sais pas pourquoi je l'ai choisie, peut être par ce qu'elle ressemble beaucoup à Tlemcen ma ville natale. QuanT à Ibn Khaldoun, je voulais évoquer la jalousie des hommes. Mon personnage est jaloux de lui, il part à Bougie et traduit le coran en langue berbère dans le seul but de faire plus que Ibn Khaldoun. Votre prochain roman ? Il s'intitule Le dernier juif de Tamantit, et si tout va bien, il sera disponible dès la rentrée prochaine.