George Mitchell transmettra aujourd'hui à Mahmoud Abbas la réponse écrite de Benyamin Netanyahu à la proposition d'ouverture des négociations de proximité faites par Barack Obama et les «clarifications» de l'administration américaine sur les colonies et sa détermination à agir «vraiment comme médiateur juste et sérieux» pour forcer la main aux Israéliens à accepter la reprise des pourparlers là où Ehud Olmert les a laissés. Le président palestinien qui a été encouragé par la Ligue arabe à reprendre langue avec le Premier ministre israélien, même indirectement, demandera, selon ses conseillers, au comité de suivi de l'initiative arabe de se réunir à nouveau pour prendre une nouvelle décision. Probablement à Syrte, en marge du sommet de la Ligue. Comme pour planter le décor pour ces réponses, le Premier ministre laisse entendre qu'il est prêt à assouplir les conditions du siège de Ghaza, lever une partie des check-points qui parsèment la Cisjordanie, libérer quelques prisonniers proches du Fatah, aborder les questions lourdes (frontières, colonies, de Jérusalem, sécurité, réfugiés, eau) mais qu'il ne pourra pas arrêter les constructions à El Qods qui n'est pas, dit-il devant le Congrès annuel de l'American Israel Public Affairs Committee, le principal lobby pro-israélien aux Etats-Unis, «une colonie de peuplement» mais la capitale «indivisible et éternelle» d'Israël. Cette «affirmation» qui pourrait être mise entre parenthèses pendant la période des négociations, tord le cou au droit international qui considère El Qods comme la capitale de deux Etats, irrite Washington qui propose une négociation directe sur le statut de cette ville et provoque la colère des Palestiniens qui veulent faire de la partie-est la capitale de leur futur Etat. « Ce que Netanyahu dit n'aide pas les efforts des Américains et ne servira pas les tentatives de l'administration Obama de ramener les deux parties à la table des négociations indirectes», estime Nabil Abou Roudeina réitérant l'exigence de l'Autorité palestinienne : le gel des projets de colonisation. Comme plusieurs Palestiniens, il est convaincu que les politiques de M. Netanyahu finiront par détruire toutes les occasions pour faire la paix. L'Arabie Saoudite qui a initié le plan de paix arabe demande au Quartette des explications sur les déclarations du Premier ministre israélien qui «jettent le doute sur le processus de paix». Certains analystes vont jusqu'à affirmer que ces politiques finiront par amener Obama à être le président d'un seul mandat. A moins que l'establishment US à l'approche du premier anniversaire du discours d'Obama du Caire aux Musulmans et du sommet de la Ligue arabe qui pourrait inscrire la question d'El Qods à la tête de ses priorités, ne hausse le ton et n'impose à l'Israélien de recomposer son gouvernement avec Kadima et les travaillistes pour sauver l'espoir suscité par la poignée de main en 1993 entre Arafat et Rabin. Hillary Clinton a prévenu lundi le chef du gouvernement israélien que l'Etat hébreu devrait faire des «choix difficiles mais nécessaires». Choix que Netanyahu qui a fait coïncider son feu vert à la construction de 20 logements à l'emplacement d'un hôtel palestinien à El Qods-Est avec sa rencontre à huis clos à Washington avec Obama et l'annonce de 1.600 nouvelles constructions, en pleine visite du vice-président américain Joe Biden, ne semble pas disposé à faire. Pour l'instant du moins.