La Ligue arabe réanime l'agonisant processus de paix au Proche-Orient. Les quatorze ministres des Affaires étrangères du Comité de suivi de la Ligue arabe, dont Mourad Medelci, ont donné mercredi au Caire leur appui aux « négociations indirectes entre Israéliens et Palestiniens » proposées par l'émissaire américain George Mitchell, lors de sa dernière tournée au Proche-Orient, fin janvier, pour rétablir un « climat de confiance » entre les deux parties. «Les ministres sont favorables à la tenue de négociations indirectes entre Palestiniens et Israéliens pour une période de quatre mois. Si ces négociations ne donnent aucun résultat, des mesures seront prises, dont le recours au Conseil de sécurité de l'ONU », affirme le Palestinien Saëb Erakat, précisant que le Comité exécutif de l'OLP, qui se réunira aujourd'hui à Ramallah, en Cisjordanie, prendra sa décision. Les Palestiniens qui exigeaient un gel total de la colonisation y compris à El Qods-est annexée, pour s'asseoir autour d'une table avec les Palestiniens, mettront-ils le bémol dans leur réponse ? Fort probable. A la veille du rendez-vous des chefs de la diplomatie arabe avec Mahmoud Abbas au Caire, Nabil Abou Roudeina, le porte-parole de la présidence palestinienne, avait appelé à un « soutien » à la proposition américaine pour mettre à nu la politique de Benyamin Netanyahu. « Israël ne veut pas revenir aux négociations et veut blâmer les Palestiniens en disant qu'ils ne veulent pas entrer dans des négociations. Il faut donc mettre fin à ce prétexte en révélant la vérité sur la position israélienne à la communauté internationale et à l'administration américaine », dit-il. Seule conditionnalité arabe : George Mitchell doit, pendant les quatre mois qui lui sont impartis (soit à la fin du moratoire limité de la colonisation offert par Israël), faire des « références claires pour le processus de paix, un gel de la colonisation et une clarification de la position américaine en ce qui concerne les frontières de l'Etat palestinien ». Il doit aussi convaincre les Israéliens qui « ne se montrent pas intéressés par la paix » que cette « dernière tentative » se solde par un échec, les pays arabes prendront des mesures, dont le recours au Conseil de sécurité. Selon Saëb Erakat, cette démarche pourrait être faite pour obtenir de l'ONU la reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, sans tenir compte de la position d'Israël. Aussitôt, le feu vert arabe aux pourparlers indirects connu, le département d'Etat annonce une tournée de George Mitchell au Proche-Orient. Il sera reçu le lundi 8 mars à Ramallah par le président Abbas. Comme pour donner du « poids » à son émissaire spécial, Barack Obama, qui compte faire progresser son plan de paix dans un délai-limite de deux ans, envoie Joe Biden, son vice-président, en renfort. Même le « silencieux » Quartette met sur pied une réunion le 19 mars à Moscou pour redynamiser le processus de paix « qui observe une longue pause ». Israël qui poursuit sa colonisation en Cisjordanie et la judaïsation des lieux saints, redoute un piège. Il redoute ce soutien qui pourrait lier le président de l'Autorité palestinienne à la Ligue qui a conditionné « le passage de négociations indirectes à des négociations directes » par des réponses à des règles précises contenues dans le communiqué du Conseil tenu en novembre dernier. Il craint aussi un échec des négociations même indirectes car il serait synonyme d'un renforcement de Hamas et d'une troisième Intifada.