La Guinée-Bissau, promue depuis quelques années plaque tournante du trafic de cocaïne sud-américain vers l'Europe, est dans la tourmente « institutionnelle ». Des « mutins » ont arrêté jeudi le Premier ministre Carlos Gomes Junior, le chef d'état-major de l'armée, Zamora Induta, une « quarantaine d'officiers », pris le contrôle de Bissau, la capitale de ce petit et pauvre pays d'Afrique de l'Ouest dont l'histoire est rythmée par les coups d'Etat et les meurtres politiques et…. évité de se prononcer sur leurs intentions. Cette double arrestation pourrait être liée, selon certains, à la « libération » de l'ancien chef d'état-major de la marine, Américo Bubo Na Tchuto qui a trouvé refuge dans les locaux des Nations unies à Bissau, après son retour d'exil de la Gambie voisine pour accusations de tentative de coup d'Etat. D'autres la lient à « un changement » de pouvoir dans l'armée. Le général Antonio Indjai, le nouvel homme fort du pays, s'en défend. Selon lui, le coup de force n'est qu'« un problème purement militaire qui ne concerne pas le pouvoir civil en place ». « L'armée reste attachée et soumise au pouvoir politique », dit-il tout en menaçant de « tuer » le Premier ministre si les « attroupements » de ses sympathisants ne cessaient pas. Malam Bacai Sanha, le chef de l'Etat qui n'a pas été inquiété, invoque une « confusion entre militaires » qui a débordé jusqu'au gouvernement pour expliquer ce coup de force. « La situation est calme. Il n'y a pas de problème », dit-il avant une réunion avec son Premier ministre Carlos Gomes Junior et un communiqué d'un « collectif » des membres du gouvernement qui a condamné hier « l'utilisation de la force comme moyen de résoudre les problèmes ». La communauté internationale condamne ce nouvel accès de fièvre, un an après l'assassinat du président Joao Bernardo Vieira et du chef d'état-major Tagme Na Waie. Les Etats-Unis, les Nations unies et le Portugal, ancienne puissance coloniale, ont appelé au retour de « l'ordre constitutionnel ». Le président de la Commission de l'Union Africaine, Jean Ping, qui « suit avec une vive attention » les développements de la fragilité de la situation dans le pays, demande aux militaires de « respecter la discipline républicaine ».