Une étude américaine a démontré que le traitement "Avodart" (ou dutasteride), diminue nettement l'apparition des cancers de la prostate chez les hommes présentant un risque plus élevé. Ce traitement, déjà utilisé contre l'hypertrophie bénigne de la prostate, réduit de 23% l'incidence de ces cancers, dont l'évolution est imprévisible, selon les résultats d'un essai clinique international dans ce cadre. Cette incertitude quant à l'agressivité de ces cancers conduit les médecins à recommander par mesure de prudence une intervention chirurgicale ou la radiothérapie, des traitements qui peuvent rendre impuissant ou faire souffrir d'incontinence. "Le dutasteride pourrait potentiellement offrir à des centaines de milliers d'hommes un moyen de réduire leur risque de cancer de la prostate", relève le Dr Gerald Andriole, chef du service de chirurgie urologique à la faculté de médecine de l'Université Washington à St Louis (Missouri, centre), principal auteur de cette étude parue dans le New England Journal of Medicine daté du 1er avril. "Cela signifie que davantage d'hommes pourront éviter des traitements inutiles ainsi que leurs coûts et leurs effets secondaires néfastes pouvant parfois en résulter", selon lui. L'étude clinique sur l'Avodart est la première de cette ampleur à évaluer la chimioprévention pour le cancer de la prostate chez des hommes présentant un risque accru de la maladie en raison d'un niveau élevé de leur PSA (prostate specific antigen) situé entre 2,5 et 10 nanogrammes/millilitre. Ces sujets n'avaient pas de signe de tumeur révélés dans des biopsies effectuées dans les six mois suivant le début de l'essai clinique. L'étude a été menée dans 42 pays sur 8.231 hommes âgés de 50 à 75 ans dont la moitié, choisie au hasard, a été traitée avec 0,5 milligramme de dutasteride quotidiennement et l'autre moitié avec un placebo. "Un grand nombre d'hommes, chaque année, ont un PSA élevé mais une biopsie négative", explique le Dr Andriole. "Nous savons d'expérience que nombre de ces hommes ont probablement des tumeurs microscopiques de la prostate non détectées dans la biopsie", relève-t-il. Le test PSA ne permet pas de déterminer le degré d'agressivité du cancer de la prostate. Au total 19,9% des hommes de l'étude traités avec de l'Avodart ont été diagnostiqués d'un cancer de la prostate comparativement à 25,1% chez ceux ayant pris un placebo. Aucun des participants n'est décédé de cette maladie. "Cette forte réduction du risque de cancer de la prostate avec l'Avodart provient probablement du fait que ce traitement empêche les petites tumeurs de se développer voire les réduit, les rendant indétectables", note le Dr Andriole. Le cancer de la prostate est le deuxième cancer le plus meurtrier chez les hommes après celui du poumon.