Après un mois des législatives, remportées sur le fil par Iyad El Allaoui et contestées par le premier Ministre sortant, Nouri El Maliki, les vieux démons sont de retour en Irak. Dans la nuit du dimanche, une opération de représailles, portant la marque d'El Qaïda, a été menée contre la Sahwa, qualifiant les milices sunnites ralliés aux forces d'occupation américaine et ayant contribué efficacement à la baisse de la violence. Près de 25 membres de cette milice ont été massacrés et sauvagement mutilés par des «hommes vêtus d'uniformes américains » et lourdement équipées. «Qui peut accepter çà », hurle de douleur un villageois de Soufia, au sud de Baghdad. Les arrestations de 25 éléments dont 27 sont passés aux aveux n'ont laissé le moindre doute sur l'auteur des crimes crapuleux. El Qaïda a sévi. Le lendemain, toute la périphérie de la capitale irakienne a été ébranlée par les 3 attentats à la voiture piégée qui ont ciblé, a Mansour (Ouest), les ambassades d'Egypte, d'Espagne, de Syrie et la résidence allemande, et, quelques minutes plus tard, à Salihya, abritant la chancellerie d'Iran. Le « free Iraqi » de la plus grande mystification de l'histoire contemporaine, dopé au Gmo de la démocratisation hélioportée, flambe au rythme de la guerre confessionnelle et communautaire. Dans le chaos ambiant, le désordre sanglant se nourrit des luttes d'influences régionales et internationales qui compromettent gravement la stabilité et la paix dans cette région stratégique. Après deux ans d'accalmie, signant le recul de la violence ptésenté en acquis inestimable par el gouvernement sortant, le retour aux années de feu, notamment à Baghdad (Centre) et à Mossoul (Ouest), ont remis les compteurs à zéro dans un climat électoral tendu. Les législatives des tensions politiques ont laminé le front chiite hégémonique éparpillé. La consultation électorale du 7 avril, précédée d'un regain de violence, n'a en rien réglé la question de l'alternance et e de la transmission démocratique du pouvoir. L'imbroglio est total. Le bras de fer entre le vainqueur, l'Irakia d'El Allaoui (91 sièges sur les 325 que compte le parlement), et l'EDD (Etat de droit) d'El Maliki, disposant de 89 sièges, instaure un blocage institutionn el aggravé par les profondes divergences des composantes chiites. La 3e force politique, représentée par l'ANI (70 sièges regroupant les principaux partis chiites dont l'influente CSSI proche de l'Iran et le mouvement Sadr), est partagé sur la nature de l'alliance gouvernementale. Dans ce rôle d'arbitre, le CSSI reste favorable à une coalition avec l'Irakia d'El Allaoui. Le mouvement sadriste (40 sièges), se déclarant hostile à El Maliki en raison de la campagne sanglante de désarmement de 2008, prône un choix référendaire entre les 5 prétendants au poste de Premier ministre. Soit, les deux favoris en puissance concurrencés par le vice-président Adel Abdoul Mehdi, l'ancien chef de gouvernement, Ibrahim El Djaafari, et le fils de l'imam assassiné en 1980, Djaafar Mohamed Baker El Sadr. A plus d'une année du retrait US (août 2011), le vide politique et institutionnel irakien inquiète. En mal de stabilité, compromise du reste par le déficit en consensus et l'absence de toute perspective de réconciliation nationale, le «free Iraq» est miné dans ses fondements avec la persistance des luttes confessionnelles, des rivalités de puissance et une volonté d'isolement clairement exprimée dans cette série d'attaques des ambassades étrangères, qu'elles soient iranienne, arabe ou européeenne.