Jasser Haj Youssef né en 1980 à Sousse (Tunisie) est un violoniste et compositeur tunisien, mêlant la musique arabe et le jazz. Il est aussi le seul musicien au monde à jouer la musique orientale avec la viole d'amour. La viole d'amour fait partie de la famille des plus variées : musiques baroque, contemporaine et jazz. Son intérêt se tourne essentiellement vers l'improvisation, à laquelle il associe la composition pour exprimer différents sentiments. C'est avec sincérité et humilité qu'il a accepté de nous accorder cet entretien à partir de Constantine où il s'est produit mardi dernier au soir, alors que le même CCF, qui est l'initiateur de ces spectacles, le reçoit à Alger ce soir à 19 heures, à la salle Cosmos. Vous êtes un jeune violoniste et compositeur tunisien déjà célèbre. Comment expliquez-vous cette montée rapide vers le succès ? J'adore la musique. Mon premier cadeau de naissance a été un violon. En plus, j'ai grandi dans un environnement qui me favorisera à suivre une carrière musicale. Mon père enseigne la musique dans un conservatoire à Sousse. Je n'excelle pas dans la musique par appât du gain, mais la musique est une passion pour moi. Vous êtes jeune et normalement vous vivez avec votre temps en exerçant la musique actuelle. Dites-nous les raisons qui vous ont orienté vers la fusion de la musique jazz et orientale ? La musique orientale symbolise mes racines, mes origines, mon repère et ma fierté. Le jazz est un genre de musique ouvert pour tous, l'artiste à cette liberté d'improviser sur scène. Le jazz s'apparente à la vie. Des moments de partage, de connaissance, de cultures et de joie d'un incroyable bonheur. Le jazz est en constante évolution. En somme, la fusion entre la musique orientale et la musique jazz me ressemble. Vous pratiquez un instrument extrêmement original. Il s'agit de la viole d'amour. Comment êtes-vous mis à la pratique de cet instrument à cordes frottées ? En tant que violoniste, je suis constamment en quête d'autres sons, d'autres rythmes venus d'ici et d'ailleurs. Un jour, je cherchais à jouer sur un violon à plusieurs cordes, j'ai découvert par inadvertance la viole d'amour ; un instrument européen de l'époque baroque. Depuis, je me suis exercé tout seul sur cet instrument que j'adore. Est-ce que la pratique de cet instrument va faire école incitant les jeunes formations à renouer avec la viole d'amour ? Sans ambages, je réponds par une affirmation. Aujourd'hui, l'initiation à la viole d'amour connait un engouement de par les musiciens arabes et européens. La création d'une école serait l'idéal pour enseigner à un large public cet instrument. Vous avez animé mardi dernier au soir un concert à Constantine, décrivez-nous l'accueil qui vous a été réservé... Un accueil chaleureux et exceptionnel. Le public a vibré, applaudi et a même insisté pour que je donner un autre spectacle. J'ai adoré la gastronomie constantinoise. En plus, je suis resté ébahi par cette ville aux ponts suspendus, une architecture particulière et unique. La ville de Constantine est une véritable métropole régionale qui se met au diapason de son statut de capitale de l'Est algérien. Vous avez une formation et une expérience dans la musique traditionnelle tunisienne, que pensez-vous de la culture et de la préservation du patrimoine musical authentique ? Le patrimoine est un legs que nous devons sauvegarder pour pouvoir le transmettre. La fusion de ma musique facilite cette diffusion. La protection et la sécurisation du patrimoine qu'il soit musical, oral ou bâti constitue une donnée fondamentale pour la pérennisation d'un pan de l'histoire et de l'identité nationale longuement et savamment façonnée par les précédentes générations depuis des millénaires. Parlez-nous de vos projets d'avenir ? Je compte faire sortir deux albums. Le premier s'intitule « Frigya, le Jazz et l'Orient ». Le second est un solo réalisé à l'aide d'une viole d'amour sur des airs andalous et européens. Je donne demain un concert à Paris, 12 avril à Radio France ainsi qu'une tournée prévue en juillet pour promouvoir mon album « Frigya, le jazz et l'Orient».