Les hommes du 7ème art se sont déplacés samedi dernier à la filmothèque «Mohamed Zinet» de l'office Riad El Feth (OREF) pour assister à la projection en avant première du documentaire «La patrie au cœur» du jeune réalisateur Nazim Souissi, produit par la boîte de production «Elka». Après un tournage de deux mois effectué entre Alger et Sidi Bel Abbés cette production de soixante dix sept minutes, retrace l'expérience théâtrale du grand et célèbre homme de théâtre, Kateb Yacine. Des universitaires et des comédiens à l'instar d'Ahmed Cheniki, Ben Amar Houcine, Abdelaziz Boubakir, Mohamed Lakhdar Maougal, Makhlouf Boukrouh, Abdelhamid Bourayou, Mohamed Kadri, Ahcen Assous et la célèbre comédienne Mme Fadhela Assous, témoignent du parcours théâtral de Kateb Yacine. Chacun évoque cette période d'enthousiasme révolutionnaire qui a permis au père de «Nedjma» d'écrire et de monter ses plus belles œuvres théâtrales. Kateb Yacine, dit l'auteur de ce documentaire, Djilali Khalass est «un exemple unique des plus significatifs de la vénération d'un homme pour sa patrie. L'homme, le patriote, le passionné, un cumul que seule la jonction d'un esprit innovateur et une âme artiste peuvent rallier. Je l'ai connu en 1975. Nous avons beaucoup parlé, discuté. Nous fréquentons les mêmes établissements. Pour moi, Kateb Yacine était plus qu'un ami, un frère». Il se souvient «Kateb Yacine, dans sa vie, a toujours été simple et modeste. Il aimait donner la chance aux jeunes. Il aimait par contre observer. Il adorait l'échange, le partage. Il était assoiffé de liberté». Durant cette projection, les intervenants évoquent son œuvre, «Sandales de caoutchouc» portée sur la scène du théâtre dans un hommage sans limite à ce héros de la révolution vietnamienne, Hochiminh. Il a ensuite pris la tête du théâtre régional de Sidi Bel Abbés, contribuant ainsi à la création littéraire, comme celle «Mohamed, prends ta valise» jouée en 1971. Rappelons que cette pièce a sillonné plusieurs régions du pays avec des échos remarquablement favorables. Par la suite, elle a été interdite. Ces spécialistes ont, par ailleurs longuement évoqué l'expérience théâtrale de l'auteur de «Le Polygone étoilé», qui a toujours cherché à donner naissance à un théâtre populaire, entretenant des relations très étroites avec les couches populaires, notamment un public de travailleurs et de jeunes. A travers son expérience théâtrale, se rappelle Mme Fadhela Assous : «Kateb Yacine construisait son texte théâtral en utilisant de la musique, des sons, du chant, des chœurs et autres masques qui font la richesse du spectacle théâtral qu'il nous a proposé. J'ai appris le théâtre grâce à Kateb Yacine. Il nous a enseigné qu'il n'y a pas de petit ou de grand rôle. Le plus important pour lui était le verbe». Il faut dire que c'est pour la première fois qu'un réalisateur et son équipe traitent une facette de cet homme de théâtre. Une aventure exemplaire où s'additionnent les joies du savoir et de la connaissance. La narration sied exactement aux images du film qui sont d'une beauté admirable. Pour sa part, Nazim Souissi regrette que l'expérience théâtrale de Kateb Yacine soit frappée d'oubli. «Le théâtre de Yacine reste pourtant d'une grande actualité dans sa conception et sa forme». Partageant cet avis, Djilali Khalass enchaine « Le génie de cette œuvre littéraire est d'avoir réussi à donner un condensé et une quintessence de la richesse et de la profondeur de l'histoire de l'Algérie». Le jeune réalisateur Nazim Souissi a débuté dans le cinéma en 2004. Il est actuellement réalisateur d'une émission de télévision intitulée «Le monde de l'automobile». Il a réalisé en 2005 un documentaire sur l'ancien président du festival «Dimajazz» de Constantine, Aziz Djemam. Il compte réaliser un autre film sur l'apport des hommes dans la créativité artistique à travers toutes les villes d'Algérie.