Photo : Fouad S. Rahal Ben Abdellah, cheikh de la zaouïa de Sidi Rahal de la localité de Ain Aglou, affirme que «la majorité des mariages collectifs qui sont organisés dans notre région sont chapeautés par la zaouïa. Outre l'enseignement du Coran, nos actions portent aussi sur des aides au profit des familles démunies durant le mois sacré de ramadhan notamment». Plus loin, les zaouïas de la région, comme le souligne M Rahal, servent d'intermédiaires entre la population locale et les tribunaux : « les litiges qui se manifestent entre personnes se résolvent généralement au niveau de la zaouïa. Ici- je vous parle des habitants originaires de Timimoun- c'est rare de voir des litiges portés devant des tribunaux. C'est le même cas presque de tadjmaat dans d'autres régions du pays comme en Kabylie par exemple où les problèmes se discutent au niveau local. Ceci vous pouvez le vérifier d'ailleurs si vous désirez assister aux audiences du tribunal», explique-t-il. Effectivement, la daïra de Timimoun n'a connu de tribunal que récemment, dans le cadre de la politique de proximité administrative : « Tant mieux, ça nous évite un déplacement de 200 kilomètres, au chef lieu de wilaya, pour retirer des papiers administratifs ». Le réaménagement de ces lieux de cultes préoccupe, néanmoins, les familles propriétaires. La majorité est dans un état de délabrement avancé. Les cheikhs des zaouïas rencontrés ne manquent pas de souligner la nécessité de prendre en charge ces lieux. A titre d'exemple, des zaouïas de la localité de Deldoul, 75 Km du chef lieu de daïra ne disposent même pas de pistes praticables, souligne-t-on. Ces lieux de cultes séculaires constituent également une source de tourisme et d'activités culturelles, via les différentes festivités religieuses qui s'y organisent chaque année. Le S'bou est, sans doute, le plus grand évènement culturel du Gourara. Il s'agit en fait, de commémorer avec ferveur le 7ème jour de la naissance du prophète QSSSL. Une manifestation religieuse et à la fois culturelle qui clôture toutes les grandes cérémonies organisées pour célébrer la naissance du prophète qui commence le jour du Mouloud. Le rite de la célébration débute à la zaouïa lala Hidja – sidi Ahmed Ou Othmane, Massine (Sidi chérif – Sidi Ahmed Ben Youcef) et s'achève le 7ème jour à la grande Zaouïa de Sidi El Hadj Belkacem. La célébration du S'bou a drainé cette année, comme de coutume d'ailleurs, des dizaines de milliers de pèlerins. Nous avons rapporté, dans une édition récente, les détails des festivités. Parallèlement aux fêtes du Mawlid qui se déroulent essentiellement à Timimoun, le cérémonial religieux commence d'une part à l'extrémité nord du Gourara précisément à Tabelkoza dans le Tinerkouk, à 70 Kilomètres au nord de Timimoun, où est située la fameuse Zaouïa de Sidi El hadj Boumhemed. A partir de celle-ci, la Fokra (groupe de pèlerins) prend naissance autour de l'étendard de ce wali (hadj Boumhamed) et suivra un itinéraire de 7 jours, rendant visite à un certain nombre de Ksours et autres zaouïas dont chacune est représentée par son fanion. De l'autre côté de Timimoun, un autre groupe se forme à l'extrémité du ouest du Gourara à partir de Zaouïa de Sidi Moussa ou El Messaoud et opère également un périple de sept jours pour participer aux offrandes organisées. Les visiteurs viennent des quatre coins du pays, voire de l'étranger, assister aux célébrations. Fatma, la soixantaine passée, accompagnée de son époux et de sa fille (naine celle-ci), indique qu'elle a pris l'habitude de se rendre à Timimoun, depuis des années. La famille de Fatma est originaire de la wilaya de Ghardaïa, précisément de Metlili. Portant dans ses bras sa fille, 19 ans, et mesurant à peine 1mètre, elle dira à son sujet qu'elle a appris tout le Coran, à l'âge de 12 ans, et que son souhait est d'aller, un jour, au pèlerinage à la Mecque : « c'est son vœu le plus cher. Elle ne cesse de me le demander ».