Photo : Makine F. Quelles perspectives pour le système portuaire algérien ? Telle est l'interrogation pesante que M. Abdelkader Boumessila, consultant et ex-PDG du port de Bejaia, s'est posée, avant de tenter d'apporter un certain nombre de réponses dans le cadre d'une conférence tenue, hier, dans le cadre du débat organisé par le cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), à l'école supérieure algérienne des affaires (ESAA). La question de l'organisation portuaire remonte certes en Algérie aux premières années de l'indépendance, mais elle se pose toujours, selon l'expert qui pointe du doigt une certaine situation de non-séparation des missions de service public des activités commerciales. « Le port est une place commerciale qui engendre un développement dynamique en termes de croissance et plus- value », a-t-il ajouté. La création de 10 entreprises portuaires, assurant chacune, à son niveau, les missions de service public et exerçant les prestations commerciales, plutôt que d'amener les améliorations ciblées, a au contraire, selon son analyse, aggravé, au fil des années, la situation. Le port algérien est resté recroquevillé sur lui-même, dit-il, alors que l'ensemble des systèmes méditerranéens se sont depuis longtemps adaptés aux nouvelles exigences technologiques, managériales et organisationnelles. C'est ainsi qu'il a révélé que l'Algérie perd, au niveau des ports, chaque année, plus de 5% des quantités de céréales importées du fait, a-t-il ajouté, de la mauvaise qualité des équipements de manutention. Les entreprises portuaires ont évolué durant les deux dernières décennies, mais sans perspectives de changement, selon lui, avec « des instruments de gestion archaïque et des outils d'exploitation d'une ère disparue depuis quelques décades ». M. Boumessila n'a pas manqué, néanmoins, de souligner les mesures de concession prises récemment par les pouvoirs publics dans le cadre de la modernisation des ports algériens et de la mondialisation. « Ceci constitue un changement positif, mais insuffisant », a-t-il fait remarquer. Les frais de fret sont, indique-t-il, très coûteux pour les importateurs et exportateurs algériens en termes notamment des délais de chargement et déchargement de marchandises. « Le navire n'attend pas le quai, c'est le quai qui attend le navire », mettant en évidence les ports de la 3e et de la 4e générations dans le sens des relations étroites entre le port et la ville pour la première catégorie et de la coopération internationale entre communautés portuaires pour la dernière génération. Le coût de fret d'un conteneur est seulement de 500 dollars entre l'Asie et l'Europe. «Le conteneur revient à 3000 dollars entre l'Asie et l'Algérie et de 1500 dollars entre l'Europe et l'Algérie », a-t-il souligné, ceci pour mettre l'accent sur l'aspect de rentabilité et de la coopération internationales entre les communautés portuaires.C'est pour toutes ces raisons que l'expert plaide pour la réalisation de 2 ou 3 nouveaux ports d'envergure mondiale ainsi que la mise en place de nouveaux systèmes de management des places portuaires.