Quelle qu'elle soit, cette heureuse opulence qui caractérise depuis quelques mois déjà le paysage littéraire du pays, il faut bien admettre que, par-delà leur notoriété mondiale, la montée en scène- et en puissance- de ces deux monuments de la littérature algérienne que sont Tahar Ouettar et Rachid Boudjera, a toujours ce même goût particulier, intense voire unique en son genre. Et qui donne, par conséquent, des couleurs à une production qui se relève un tant soit peu d'une sombre morosité, qu'on croyait, un temps, atavique. Dieu soit, donc, loué. Ce duo infernal, vient en effet, de marquer un retour en trombe à travers la publication de deux nouveaux romans. (‘'Poésie en déambulation'' pour le premier, ‘'Les Figuiers de Barbarie'', pour le second). Il s'agit selon les premiers échos dans la presse, de deux gros morceaux, dans lesquels, chacun à sa manière, tente d'étaler ses muscles, et de rappeler que les vieux routiers gardent de beaux restes, en dépit de la vicissitudes du temps et d'une aire culturelle qui cale en sèche. Quand ce n'est pas une réplique en règle à ceux qui les ont enterrés très vite, propulsant au trône d'autres brillants littérateurs dont l'inamovible surmédiatisé Yasmina Khadra- qui vient de sortir chez Média-Plus son dernier roman L'Olympe des infortunes- ou encore le sobre Anouar Benmalek, quand bien même ces derniers restent plus ou moins lointains d'un pays qu'ils décrivent parfois avec beaucoup d'authenticité. Ce n'est là, ni une volonté de notre part, de destituer l'un au profit de l'autre, encore moins, une malicieuse astuce d'exproprier quiconque de son talent. La morbidité qui écorne la production littéraire- qualitativement parlant- est telle que le recours à la « vieille-garde » s'avère quelque part salutaire. Il va sans dire que la plume de ces deux mastodontes n'est plus à présenter, et que leur avenir littéraire est bien loin derrière eux, faisant d'eux, des grands classiques, lus, connus et reconnus dans la planète.