La polémique des Scuds introuvables reprend de plus belle. Si elle tend à impliquer Damas dans la livraison improbable des missiles au Hezbollah, la manœuvre dilatoire ne manque pas de soulever la pertinence des accusations et, surtout le bien-fondé de la nouvelle politique de l'administration Obama dans cette région sensible. Dans la forme, le syndrome des armes de destruction massive, de triste mémoire, fait son apparition pour les besoins de la stratégie inchangée de domination impériale. Pas de preuves concrètes, reconnaît Washington. Tout juste, ce «quelque chose en cours» présenté en argument aussi léger que fallacieux. Les accusations péremptoires, énoncées par Shimon Perès de Paris sont ainsi relayées rapidement par son allié indéfectible à une cadence soutenue pour légitimer une agression programmée. En avril, le sénateur John Kerry s'est fondu d'un avertissement solennel à Damas coupable de lubies israéliennes. C'est aussi, devant une commission de la chambre des représentants, que le sous-secrétaire d'Etat pour le Proche-Orient, Jeffrey Feltman, qui se refuse portant à toute confirmation s'est lancé dans un réquisitoire insensé. «Si ces informations se révèlent être vraies, nous devons alors revoir toute la gamme des outils à notre disposition pour faire en sorte que la Syrie revienne sur une initiative incendiaire et provocatrice», a-t-il déclaré. La duperie israélo-américaine n'a pas convaincu Paris. Pour l'ancien patron de la force intérimaire des Nations unies au Liban, le général Alain Pelligrini, «un Scud ne passe pas inaperçu. C'est beaucoup plus difficile à cacher que les roquettes Katioucha et c'est également plus difficile à actionner». Selon un diplomate français, la vanité de telles accusations injustifiées repose sur l'inefficacité des Scuds opposés à l'armada israélienne. «Quel intérêt, dira-t-il, de posséder des Scuds qui seraient rapidement interceptés par la défense israélienne». Dans le fond, le scénario de l'embrasement généralisé profite essentiellement à Israël qui rêve de laver l'affront de la guerre perdue de juillet 2006 et de restaurer la vulnérabilité terrassée. Acculé de partout, l'extrémisme politico-religieux au pouvoir à Tel Aviv, en rupture de ban avec Washington et avec l'ensemble de la communauté internationale tente une diversion pour voiler la faillite consommée de la politique de colonisation et de judaïsation de Jérusalem Est. Le défi israélien implacable est la manifestation de la preuve irréfutable d'une volonté belliqueuse incompatible avec l'offre de paix, privilégié par les Palestiniens et le monde arabe. Mais, elle reste indéniablement l'épreuve stratégique d'Obama proclament la nécessité de changement et de rapprochement avec le monde arabo-musulman, fondé sur la nécessité du retour à l'équilibre et une amélioration des rapports de confiance et de respect mutuel. Plus que les fausses ADM, l'examen de passage passe par le rétablissement de la justice et de la légalité internationales. Tout le reste n'est que pure littérature.