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Tahar Allache, PDG de l'aéroport d'Alger : «Nous avons bien géré la dernière perturbation du trafic aérien»
Publié dans Horizons le 24 - 04 - 2010

Avec une capacité de six millions de passagers/an, la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires (SGSIA), appelée communément aéroport d'Alger, demeure parmi les plus grandes au niveau africain. Ses 14 passerelles télescopiques permettent aux usagers de débarquer directement de l'avion vers le terminal. Le développement n'a pas touché uniquement les infrastructures, puisque, récemment, la SGSIA s'est distinguée par l'obtention de deux certificats, octroyés par le groupe international de certification ISO, pour son management intégré qualité et environnement. Le nouveau terminal a été inauguré le 5 juillet 2006 par le président de la République. Au niveau de l'aéroport, outre Air Algérie, 20 autres compagnies aérienneS assurent 63 destinations, domestiques et internationales. En tant que PDG de la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires (SGSIA), appelée communément aéroport d'Alger, pouvez-vous nous donner un aperçu sur cette SPA et sur son mode de gestion ?
La Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires a été créée le 1er novembre 2006. C'est une entreprise publique économique et également une société par actions dont l'Etat détient 100% des actions. L'objectif de la création de cette société est de permettre le développement de l'aéroport d'Alger sans faire appel au concours total de l'Etat, de manière à ce que cette entreprise puisse elle-même prendre en charge le développement de l'aéroport. Nous avons cinq directions, la maintenance, l'exploitation, les ressources humaines, la direction commerciale et la direction des investissements.
Nous avons un effectif de 1 280 personnes et nous gérons 1 200 hectares. Actuellement nous gérons trois aérogares de passagers. Nous avons l'aérogare internationale d'une capacité de 6 millions de passagers/an. Nous sommes actuellement à 2,6 millions de passagers/an. L'aérogare domestique qui peut aller jusqu'à 2,5 millions de passagers/an et nous avons également une aérogare charter conçue spécialement pour El Hadj et El Omra, d'une capacité de 2,5 millions de passagers/an. Ces aérogares sont gérées par la SGSIA, comme la totalité de l'aéroport. L'aéroport d'Alger est un domaine public qu'on ne peut ni hypothéquer ni mettre en danger. C'est à l'Etat de gérer ce domaine, de le fructifier, de le rentabiliser.
Ces derniers jours, le trafic aérien mondial a connu de grandes perturbations. Comment avez-vous géré cette situation au niveau de l'aéroport international d'Alger ?
La dernière perturbation est inédite. Le nuage de cendres a pratiquement survolé toute l'Europe. Suite à cela, beaucoup de pays ont décidé la fermeture de leur espace aérien. Bien sûr, étant donné que l'aéroport d'Alger assure beaucoup de dessertes vers les pays européens, on a été perturbés, pas comme les autres, car l'Espagne et l'Italie sont moins touchées par rapport à la France et la Grande-Bretagne. Nous avions également assuré des vols vers Marseille. Ces dessertes ont tout de même, il faut l'avouer, soulagé les voyageurs pressés.
En arrivant à Marseille, ils ont la possibilité de prendre le train et de rejoindre Paris, Bruxelles et Frankfurt et d'autres villes d'Europe. Lorsque l'aéroport de Paris a été rouvert, on a pu assurer 6 vols par jour sur la capitale française. Cela a vraiment désengorgé l'aéroport. Par rapport aux autres aéroports, le nôtre a annulé, en l'espace de 5 jours, 200 vols. Les compagnies aériennes ont très bien géré la situation au niveau de notre aéroport. Elles sont là à chaque fois que la nécessité du vol s'impose et particulièrement vers le sud de l'Europe. En général on a bien géré la perturbation.
Quel impact sur les rentrées financières ?
Le bilan se fera après car ce n'est pas encore fini et nous ne savons pas comment ça va évoluer. Certes les vols annulés représentent un manque à gagner. Il faut accepter les risques et les catastrophes naturelles. La perturbation a été très bien gérée aussi bien par les aéroports que par les compagnies aériennes.
L'aéroport est une véritable vitrine d'un pays. Elle peut contribuer à développer les relations d'affaires, de coopération et le tourisme. La qualité de service est l'une des clés de la réussite de cet objectif. Quels sont les atouts de la SGSIA ?
Lors de l'élaboration de notre stratégie qui s'étale sur 4 ans, nous l'avons axée sur la qualité de service. Par la suite, nous nous sommes engagés dans la certification ISO 9001 au niveau de tous les services de l'entreprise. Nous avons obtenu, le 29 novembre 2008, les certificats ISO 9001 qualité et ISO 14.001 environnement. Ces certificats ont été délivrés par le groupe Afnor via sa filiale algérienne Afnor Afaq de renommée mondiale. Actuellement, nous voulons préserver ces certifications.
Il y a énormément d'efforts consentis par nos collaborateurs pour atteindre cet objectif. Mais il faudrait se professionnaliser pour maintenir cette certification. Parfois des passagers nous félicitent et nous montrent également nos lacunes. Certes nous ne sommes pas parfaits mais nos services s'améliorent de jour en jour. Nous essayons de répondre aux attentes de nos passagers.
Justement que faites-vous pour connaître les attentes des passagers ?
Pour connaître leurs attentes, nous avons élaboré et nous élaborons énormément d'enquêtes au niveau de l'aéroport de manière à connaître justement les soucis des passagers et de nous permettre également, à chaque fois, de satisfaire leurs doléances. Nous avons mis sur pied des ateliers qui s'occupent de la qualité de service et des questions de l'environnement.
Ces acquis vont nous permettre d'obtenir, cette année, la certification de sécurité. Notre personnel est conscient de la tâche. Ce n'est pas le fait que nous détenons le monopole que nous ne devrons pas assurer la qualité de service aux passagers. L'organisation que nous sommes en train de mettre en place nous permet de nous professionnaliser et, pourquoi pasn, dans le cadre de la concurrence, développer d'autres aéroports algériens.
Qu'en est-il du partenariat avec la société les Aéroports de Paris (ADP) en termes de management ? Est-t-il toujours en vigueur ? Quelle appréciation portez-vous sur sa gestion ?
Le partenariat avec les ADP est d'une durée de quatre années délivrables qui sont fixées sur le contrat et avec une évaluation prévue au mois d'octobre 2010. Beaucoup de choses ont été réalisées entre nous et cette société et nous sommes très contents.
Il y aura une appréciation en fin de contrat. Actuellement nous avons les personnels d'ADP qui sont dans l'organigramme de la société, comme à titre d'exemple le directeur général de l'exécutif. Celui qui ne travaille pas au profit de la société part. Le contrat va prendre fin en 2010, et d'ici là on fera une évaluation et nous allons voir s'il est nécessaire de prolonger d'une année ou non. Il faut tout de même dire que beaucoup de choses ont réalisées ensemble. Cette année nous avons introduit un système d'évaluation. Nous avons décidé donc d'évaluer les cadres supérieurs. L'année prochaine, cela concernera les cadres et la maîtrise et l'année d'après, ce sera au tour de l'évaluation de tout le personnel de la société.
Vous avez annoncé récemment l'intention de la direction de l'aéroport de mettre de l'ordre dans le domaine du transport assurant la liaison entre l'infrastructure et la ville d'Alger. Pouvez-vous nous parler de ce projet ?
Pour les lignes de bus, nous avons des lignes nouvelles assurées par l'Etusa,. Toutes les heures il y a un départ à partir de l'aéroport vers la place des Martyrs, (8 mai 1945). Ces bus travaillent en parallèle avec d'autres bus privés qui existaient déjà. Nous sommes en concertation avec la direction des transports pour déployer d'autres bus mais de standing pour assurer la navette vers Alger sans observer d'arrêts. Les pouvoirs publics ont inscrit dans leur nomenclature de ramener le train sur l'aéroport d'Alger.
C'est une excellente chose pour l'aéroport d'Alger. Nous avons même demandé une ligne de métro sur l'aéroport d'Alger, et ce dans le cadre du schéma directeur que nous sommes en train d'élaborer. Nous associons toutes les sociétés de transport pour leur soumettre nos besoins en matière de transport de l'aéroport vers d'autres destinations.
La formation est un axe important ; quelle place occupe-t-elle dans votre société ?
Cette année, nous avons consacré une enveloppe de 20 millions de dinars justement former notre personnel. Nous avons privilégié la formation sur site. Nous avons préféré ramener des professionnels et former au niveau de l'aéroport. Nous allons également varier la formation dans les domaines technique, administratif, financier et autres… La totalité des travailleurs de la société bénéficient continuellement de formations. Nous cherchons, à travers ces formations, d'avancer la maîtrise et de garantir la sécurité de nos équipements. Nous avons des équipements qui coûtent très cher et il est de notre devoir de les maintenir le plus longtemps possible. Certes au début nous avons eu certaines difficultés mais maintenant nous avons acquis la maîtrise et ça marche très bien.
L'aéroport est-il doté de nouveaux moyens technologiques en matière d'information et de communication ? Sont-ils accessibles au grand public ?
Nous avons l'Internet au niveau de l'aéroport et nous avons également l'option WiFi dans les zones d'embarquement. La connexion est payante pour le moment. Nous avons mis des distributeurs de cartes à des durées variées. Entre les différents services de notre entreprise, nous utilisons Outlook, nous communiquons par messageries électroniques internet. C'est plus rapide, plus efficace et même économique.
Depuis la fin des années 90, l'aéroport d'Alger est considéré comme l'un des plus sécurisés au monde. L'accès pose quelques problèmes particulièrement en période de grands flux, aux enfants et aux personnes âgées. Serait-il possible d'alléger ce dispositif ?
Il ne faut pas oublier que l'aéroport d'Alger a été victime de deux attentats (1992 et 1994). Depuis, les pouvoirs publics ont opté une politique de sûreté des plus efficaces. On a mis tous les moyens matériels et financiers à la disposition de ceux qui gèrent et exploitent cet aéroport. Nous avons un comité local de sûreté qui prend toutes les décisions concernant le sûreté et la sécurité. Nous avons un plan de sûreté de l'aéroport que les services de police assurent. Nous avons un plan national de la sûreté de tous les aéroports.
A notre niveau, tous les moyens sont mis à la disposition des services de police et c'est nous qui mettons tout ce qui est scanner, télésurveillance et assurons également la maintenance. En cas de panne quelconque au niveau des scanners, nos techniciens agissent dans les 5 minutes qui suivent. Les usagers ne sont pas exposés à la fouille de manière dégradée. D'ailleurs on a mis deux scanners au niveau des entrées, et en cas de problème technique, l'autre équipement est là pour reprendre le relais. Cela s'inscrit dans le cadre de la performance de la sûreté de l'entreprise. Alléger veut dire manquer à la sûreté. Je préfère parler d'amélioration de traitement mais pas d'allégement dans le dispositif. Bien au contraire, les passagers vont s'inquiéter si le dispositif s'allège et ils sont contents de passer par les filtres de police car ils savent que c'est dans leurs intérêts. Pour ce qui est des personnes âgées et des handicapés, nous avons des escalators et des ascenseurs qui sont mis à leur disposition.
Un dernier mot ?
Je tiens à dire qu'au niveau de l'aéroport d'Alger, il y a un périmètre de protection décidé par les pouvoirs publics portant sur la sûreté et la sécurité des lieux, soit 2 200 hectares au delà de l'aéroport. Ce périmètre a également pour objectif de veiller au développement de l'aéroport. Nous avons arrêté toute urbanisation dans la zone sud pour l'avenir de l'aéroport. On doit préserver le développement de l'aéroport sur un demi-siècle.


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