L'élu de l'UPM, Jean François, s'est longuement épanché sur la France officielle de la partialité et le poids de la méconnaissance de la réalité sahraouie par la France des élus et de l'opinion publique, écrasées par le black-out médiatique de rigueur dans toutes les rédactions et les écrans de la prétendue libre expression. Dans un discours prononcé au nom de la délégation présente depuis deux jours à Dakhla, le représentant de la majorité politique, instruit des « leçons de démocratie et de bonne gouvernance » d'un pays en lutte pour son indépendance, a crument avoué l'étendue de son ignorance. C'est en venant à Dakhla qu'il a découvert l'existence du mur de la honte « à deux heures de Paris » et les souffrances indicibles d'un peuple fier et digne, partagé entre la condition inhumaine de la vie en exil dans les camps de la désespérance ou la dure loi de la répression dans les territoires occupés. Jean François, l'élu de la majorité politique, a vigoureusement dénoncé le veto français émis sur la dernière résolution édictant la nécessité de l'élargissement des prérogatives de la Minurso en matière de surveillance et de protection des droits de l'homme sahraouis. Le parapluie français a sauvé l'occupant marocain du verdict unanimement exprimé par les 14 autres membres du conseil de sécurité. Lors de la cérémonie organisée au siège de la présidence de la RASD en l'honneur des élus, l'image écornée de la France souligne l'ambivalence régnante. Dans son discours, le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a tenu à souligner la dualité qui caractérise « l'image ténébreuse de la France officielle, imprimant une « aliénation inconditionnelle sur les thèses coloniales de l'occupant », et l'autre « image splendide et admirable de la solidarité du peuple français et de sa grandeur » véhiculées par les comités de soutien, ses artistes et ses intellectuels. Inévitablement, la « position contre nature » du « berceau des droits de l'homme » est choquante. Elle est loin de « glorifier la France officielle » et ne profite guère à « la paix, à la stabilité et à la sécurité de la région et, encore moins, aux relations entre l'UE et le Maroc ». Dans cette dernière colonie en Afrique, la solution légale et référendaire, définie par le plan de règlement onusien de 1990, a été encore une fois rappelée par le conseil de sécurité. Mais, outre l'indivisibilité de la question sacro-sainte des droits de l'homme, le principal acquis de cette visite de 150 élus, désormais imprégnés de la réalité du terrain intangible, impose le devoir de solidarité et de responsabilité induit par les valeurs partagées avec un « peuple généreux, pacifique, tolérant, mais intraitable avec sa liberté et sa dignité ». Dès lors, dira le président Abdelaziz, « il vous confie donc la noble tâche de le défendre, de sensibiliser vos électeurs autour de sa cause, de le soutenir dans les forums nationaux et internationaux et dans les médias locaux, régionaux et nationaux en France ». La balle est dans le camp des élus de la France plurielle et de la diversité qui ont tout vu de leurs propres yeux.