• 3 000 attaques de sites informatiques enregistrées chaque mois. Depuis la promulgation du nouveau code pénal en novembre 2005 et jusqu'au 30 avril 2010, les affaires liées à la cybercriminalité traitées par les tribunaux nationaux sont sur une courbe ascendante. Preuve en est, les chiffres rendus public hier par M. Mokhtar Lakhdari, directeur général des affaires pénales en charge des mesures de grâce auprès du ministère de la Justice à l'occasion du séminaire international sur la cybercriminalité organisé à Alger. Les données présentées font ressortir que sur la totalité des infractions enregistrées durant cette période, 60% concernent des administrations publiques et des sociétés à caractère commercial et industriel, 20% les entreprises privées, 11% les entreprises étrangères, 2% les particuliers et 3% les instances publiques étrangères. Pour ce qui est de la nature des crimes commis par les « cybercriminels », les mêmes statistiques assurent que les infractions les plus récurrentes dans ce domaine sont liées à l'infiltration illégale ayant pour but de détruire ou de modifier des données (34%), infiltration informatique illégale (29%), introduction de données attentatoires (21%), détention de données acquises de manière illégale (8%), commercialisation de données illégales pour utilisation frauduleuse (5%), et publication de photos incitant à la pédophilie (3%). L'âge des cybercriminels varie entre 25 à 30 ans et la plupart ont des connaissances informatiques et ont souvent des relations avec les victimes. Les motifs : vengeance, défi, profits (65%) ou simplement curiosité (5%). En 2005, il n'a été enregistré qu'un seul cas de cybercriminalité devant les instances judiciaires. Ce chiffre est passé à 12 cas en 2010 et le nombre de personnes poursuivies jusqu'à l'année en cours est de 88. Comme la majorité des pays, l'Algérie n'est pas à l'abri de la cybercriminalité. Cette nouvelle forme de criminalité transnationale est une menace « sérieuse » pour les institutions, d'où la nécessité d'un dispositif de lutte et de prévention, a déclaré pour sa part M. Djamel Bouzertini, directeur général du centre de recherche juridique et judiciaire. Sachant que le nombre d'attaques quotidiennes sur les différents sites électroniques en Algérie a atteint, selon les chiffres avancés par le PDG de l'Eepad, 3000 par mois. Selon M. Bouzertini, il faudrait mettre en place un plan global de lutte contre la cybercriminalité et qui sera axé sur trois fondements, notamment la promotion de la formation des experts dans ce domaine. Ce plan doit également être basé sur la conjugaison des efforts de tous, « car la responsabilité doit être partagée par les parties technique, sécuritaire et judiciaire », a-t-il indiqué en appelant au renforcement de la coopération internationale entre les Etats. Interrogé par ailleurs sur les résultats de la nouvelle loi sur la cybercriminalité adoptée par les deux Chambres parlementaires, M. Bouzertini a fait savoir que le texte devant régir l'organe de lutte contre ce fléau comme stipulé dans cette loi est en voie de finalisation. Pour ce qui est du volet formation, il indiquera que plus de 50 magistrats ont été formés à cet effet en 2008 en plus de 50 officiers de police judiciaire. Sachant, enchaîne-t-il, que les structures de la police et de la gendarmerie nationale ont déjà des services en charge de ce genre d'infractions. Pour lui, à chaque malheur quelque chose de bon. « Heureusement que l'Algérie n'a pas un très haut débit d'Internet. Ce qui a diminué la cybercriminalité ». M. Abderrazek Henni, directeur de la modernisation de la Justice, a fait savoir à titre indicatif qu'il existe 5000 cybercafés en Algérie et 73 ISP dont 10 seulement sont opérationnels. Les internautes quant à eux sont au nombre de 4,5 millions dont 74% sont des hommes. 30% sont âgés entre 20 et 29 ans. Ce séminaire international de deux jours sur la lutte contre la cybercriminalité a pour objectif de mettre en place une coordination entre les différentes institutions concernées et permettre une utilisation sécurisée de l'Internet par l'enseignement des techniques performantes d'enquête. La rencontre, qui réunit des experts américains, français et britanniques ainsi qu'un représentant d'Interpol, porte aussi sur l'identification des risques de la criminalité informatique sur la sécurité nationale et des personnes.