La journée durant, on part en quête des victuailles pour compenser une faim qui tiraille sous un soleil de plomb. La mercuriale en folie affiche la martingale des zéros. Un véritable bras de force est engagé entre les brigades de contrôle des prix et les spéculateurs qui tentent de faire main basse sur les prix. Leur marge bénéficiaire sauvagement fixée dans tous les points de vente fait des émules si bien que même les petits revendeurs de condiments montent au créneau pour vous enfiler la pâte feuilletée à 50 DA. Le ton est donné, on devra désormais apprendre à compter à partir de 1000 DA pour glaner le modique couffin quotidien. Pour un début d'abstinence on est bien parti ! A chaque début de carême on nous fait goûter l'amère potion des olives vertes et violettes, le tout …dans la joie et l'allégresse d'un ramadhan béni. Les Algériens ont bon dos pour résister passivement à cette guerre imposée contre leur pouvoir d'achat. L'humour ne manque pas pour effacer le souvenir d'une pénible journée. Le soir venu, on se délecte enfin autour d'un thé et d'une friandise pour faire le bilan d'un parcours du combattant. Au lendemain on rectifie le tir pour acheter à moindre coût. C'est face à cette adversité imposée que certains arrivent quand même à acheter utile. Ils ne sont pas légion. Les spéculateurs, jouant sur un répertoire psychologique «du produit manquant», titillent l'ego des jeûneurs pour les mettre à la merci de l'offre sauvage. Et comme chaque année, les victimes de ce mélo drame mercantiliste apprennent à leurs dépens que s'il y a spéculation, il y a toujours preneur. La tentation et la boulimie sont autant de facteurs qui font qu'aujourd'hui les prix sont fixés au bon vouloir …des bourses incontrôlées.