Le chamanisme est, aujourd'hui encore, pratiqué en Sibérie, en Afrique et surtout en Amérique, notamment chez les Indiens d'Amérique latine où de nombreuses expériences ont été décrites. En 1968, Carlos Castaneda a étudié un chamane indien d'origine yaqui (Mexique) et montré l'usage des plantes hallucinogènes dans les thérapies employées par cette ethnie. Un autre etnologue, l'Américain Michael Harner, s'est intéressé, lui, aux Indiens Jivaro, dans l'Amazonie péruvienne. A partir de son expérience des ‘'medicine-man'' (sorciers-guérisseurs), il a élaboré une sorte de néo-chamanisme. Il décrit son expérience dans un ouvrage célèbre, The Way of the Shaman, publié à New York, en 1980 (traduction française Chamane, 1982). Après avoir passé une année dans un village, il a été invité par un sorcier à faire le «voyage du chamane», en prenant une plante hallucinogène appelée ayahwasca. Il vit alors d'étranges créatures, des visions effrayantes. «Au cœur de cette caverne céleste, le bruit de l'eau devint de plus en plus fort et je perçus de pâles figures se mouvant comme des ombres… je sentais que mes bras et mes jambes s'engourdissaient et que mon corps se transformait en béton. Je ne pouvais ni bouger ni parler. Lorsque l'engourdissement commença à gagner ma poitrine et mon cœur, j'essayai d'appeler à l'aide, de demander un antidote… Au prix d'un effort inimaginable et ultime, je parvins à murmurer aux Indiens un mot : "Médicament". Je les vis se précipiter pour préparer un antidote, ils m'ouvrirent la bouche de force et me contraignirent à boire l'antidote. Progressivement, les dragons retournèrent dans leurs profondeurs ; je me détendis, soulagé.»