Empirisme L?art de guérir s?est souvent confondu avec le don ou le pouvoir de guérir. Dans les sociétés anciennes, et jusqu?à aujourd?hui, dans les communautés dites «primitives», le médecin était aussi un sorcier ou un magicien. C?est le medicine-man, le chaman ou les sorciers des Indiens d?Amérique, des Aborigènes d?Australie ou des peuplades d?Afrique, qui connaît les plantes qui guérissent les maladies, mais qui exorcise les démons et récite les incantations qui délivrent des sortilèges. Dans le monde arabe, le t?abib a longtemps été un sorcier : c?est pourquoi, quand la médecine scientifique, illustrée par de grands noms comme Ibn Sina ou Al-Razi, a pris le relais de la médecine des magiciens, on a préféré appeler le médecin al-h?akim, littéralement «le sage». En Algérie et au Maghreb en général, c?est t?bib qui est employé dans la langue courante pour désigner le médecin, mais ce mot a aussi gardé le sens ancien. Ainsi, on dit : tel tbib ou telle tbiba soigne l?épilepsie ou exorcise les démons. La guérison magique est également le fait de nombreux saints, dont les mausolées sont, encore de nos jours, l?objet de visites curatives. Si certains saints soignent toutes les maladies, d?autres se sont «spécialisés» dans le traitement de maux précis. Ouedris, en Kabylie, a la réputation de guérir les maladies mentales : les malades y dansent jusqu?à l?épuisement au cours de grandes waâdas (couscous) organisés chaque année. Autrefois, à Tlemcen, les femmes stériles portaient leurs ceintures à Lalla Setti, en la suppliant de leur donner l?enfant tant désiré. En Tunisie, la sainte guérisseuse de la stérilité était la fameuse Lalla Aïcha al-Manoubia, qui a vécu au XIIIe siècle. Lala Aïcha était très belle et, un jour qu?elle rejoignait le lieu où se trouvaient des dévots, elle fut suivie par un homme aux m?urs dissolues. Les dévots voulaient le chasser, mais elle leur demanda de l?accueillir et l?homme devint lui-même dévot. (à suivre...)