Interrogation n Comment les pays développés, l'Europe et les Etats-Unis, entre autres, comptent-ils se sortir d'une crise qui frappe de plein fouet leurs banques et, par voie de conséquence, leur développement économique ? La recette apparemment est simple et tourne autour de deux opérations principales : L'épuration des banques et leur renflouement. Certaines banques aux Etats-Unis, par exemple, ont tellement prêté de liquide à la classe moyenne pour acheter leurs maisons (les fameux subprimes) qu'elles se sont tout simplement ruinées. Ne pouvant plus rembourser leurs dettes, des centaines de milliers de familles furent jetées à la rue et leurs maisons vendues à des prix dérisoires. La descente aux enfers a commencé là. Cette banqueroute, malheureusement, ne sera pas circonscrite aux seuls Etats-Unis, mais touchera une bonne partie de l'Europe dans la mesure où de nombreuses banques de l'autre côté de l'Atlantique y ont investi. Cette faillite sera encore aggravée par la découverte dans le sillon de cette crise de grandes escroqueries telles que celles de Madoff qui a grugé les épargnants de 55 milliards de dollars. Elle mettra en lumière également des pratiques pour le moins douteuses qui ont toujours eu cours dans ces établissements, comme les commissions faramineuses octroyées aux traders. Le cas du jeune trader de Natixis qui a fait perdre à sa banque des milliards d'euros à cause de placements hasardeux et téméraires a eu l'effet d'un électrochoc dans les milieux financiers de l'Hexagone. Cette épuration des établissements bancaires et leur mise à niveau n'ont pas été sans poser un problème d'éthique dans une branche où il est de tradition d'offrir une prime de plusieurs millions d'euros au nouveau p-dg qui s'installe et autant quand il part. Les hommes politiques, qui ont consacré plusieurs sommets à cette crise, ont estimé, à juste titre, que de pareils parachutes dorés étaient un scandale quelle que soit l'entreprise économique qui les concède à ses cadres. Devant des dépassements qui frisent l'inconscience, les p-dg des plus grandes firmes américaines de fabrication de voitures (Chrysler et General Motors) ont publiquement promis devant les chaînes de télévision de mettre fin à ce parachute et d'encaisser volontairement un dollar par mois. Mais à l'évidence, remettre de l'ordre dans les banques ne suffit pas, pas plus que la chasse aux abus dont certains, comme on vient de le voir, étaient tolérés. Il faut les renflouer. En toute priorité. En France comme en Allemagne ou en Grande-Bretagne, les pouvoirs publics n'ont eu de cesse de remplir les caisses de leurs banques d'abord pour éviter la panique des petits épargnants et faire revenir la confiance et ensuite pour amorcer un débat de relance de la croissance. Pour l'instant, cette croissance n'est pas encore au rendez-vous. Et curieusement, ce sont les pays pauvres ou émergents qui en essuient les plâtres.