Manifestation n Les 7es Rencontres cinématographiques de Béjaïa ont débuté, samedi soir, avec la projection de trois films, deux courts et un long métrages. Goulili (dis-moi si tu sais) de Sabrina Draoui, Sektou de Khaled Benaïssa et Mascarades de Lyès Salem ont manifestement captivé par leur fluidité et le regard qu'ils portent sur les carcans de la société, ses trivialités et ses rêves. Les trois œuvres apparaissent superposées, sinon se rejoignant dans une même logique du fait de la similitude des trames traitées. Mascarades, qui apparaît comme une fresque caustique sur les mœurs populaires, aurait pu faire aisément de la place aux héros des deux autres fictions. Sabrina Draoui met en scène, en milieu cloîtré (un appartement), deux femmes que tout oppose, l'une religieusement rigoriste et l'autre libertine à souhait, et qui ne s'empêchent pas de dialoguer sans pour autant se crêper le chignon. C'est que, dans le regard de la réalisatrice, les deux protagonistes n'en font qu'une : un assemblage d'un corps et d'une conscience, mais terriblement secouées par un trouble existentiel et un affreux dilemme : vivre sa vie et ses pulsions ou se protéger des tentations pour une félicité promise. En fait, Rym, dans Mascarades, dans sa cavalcade sentimentale, aurait parfaitement campé cette position, au demeurant morale et philosophique. Khaled Benaïssa, quant à lui, ne s'intéresse pas aux mêmes mœurs, ni au même ordre de préoccupations. Son souci se mesure à l'aune du boucan d'une rue algéroise qui transforme le rêve d'une nuit de sommeil, pourtant bien méritée après une longue journée de labeur, en un cauchemar foudroyant. Smaïn, son héros, qui n'a rien d'un somnambule, est déposé en plein sommeil dans le tourbillon et les tumultes de ses voisins de quartier. Tintamarres des véhicules en circulation, jacassement des gardiens de parkings, les criées des vendeurs sont autant d'effets qui rendent son sommeil impossible et infernal au point d'en perdre la tête. Une situation qui rappelle étrangement l'ambiance du village de Lyes Salem, théâtre d'un mélodrame social rocambolesque. Les rencontres cinématographiques de Béjaïa focaliseront, en leur 7e édition, sur le cinéma de l'émigration avec une programmation dédiée essentiellement à la thématique de la double culture, selon les organisateurs. Y est conviée une pléiade de cinéastes, pour l'essentiel du Maghreb (Maroc, Tunisie, Algérie), et de France et de Belgique, qui auront soit à présenter leur œuvre filmographique, soit à animer des ateliers pédagogiques et didactiques inhérents à l'exercice du 7e art. Ahmed Bejaoui, Lyès Salem (Algérie), Stéphanie Durand-Barracand, J.P.Morillon (France), Tahar Chikhaoui , Ikbal Zalila (Tunisie) sont annoncés parmi les animateurs de ces ateliers.