Résumé de la 8e partie n Dhiyab et sa cousine Djazia sont épris l'un de l'autre, mais comme chacun se croit supérieur à l'autre, ils passent leur temps à se poser des énigmes. Cependant, le nombre des prétendants ne cesse d'augmenter et le père de Djazia ne sait à qui accorder la main de sa fille : il choisirait un et renverrait les autres, il court le risque de se faire des ennemis. Aussi décide-t-il de laisser sa fille faire elle-même son choix. — Ma fille, lui dit-il, choisis toi-même l'époux qui te convient ! La jeune femme réfléchit longuement à la situation et un jour que les prétendants se pressent à sa tente, elle leur dit : — J'épouserai le plus perspicace d'entre vous ! Les jeunes hommes se disent qu'elle veut sans doute, comme c'est l'habitude chez les nomades, tester leur compétence oratoire. Chacun prépare donc un poème à déclamer et, à l'heure dite, ils se présentent devant sa tente. Il y a aussi, parmi eux, Dhiyab. Djazia apparaît. La jeune femme a revêtu ses plus habits et elle s'est parée de ses bijoux en argent. — Djazia, tu nous as demandé de venir et nous sommes venus. Il est temps que tu choisisses l'un d'entre nous que tu veux pour époux ! — Et si j'en choisis un, les autres ne m'en voudront pas de les avoir écartés ? — Oui, mais à condition que celui que tu auras choisi soit plus méritant que les autres ! La jeune femme sourit. — Je vous invite à manger du r'fis que j'ai préparé moi-même à votre intention... Le r'fis est un plat recherché des nomades : composé de semoule grillée et de dattes écrasées (ghars), c'est un plat de choix que l'on offre aux hôtes que l'on veut honorer. Tandis qu'ils mangent, Djazia les observe de loin, épiant les gestes et surtout les réactions de chacun. C'est que son r'fis n'est pas un r'fis normal : c'est de la semoule grillée mélangée de cendres. Il n'y a qu'une mince couche de r'fis, avec des dattes écrasées, dont elle a laissé à dessein les noyaux et qui se trouve au fond du plat. Les prétendants mangent, sans s'apercevoir de la supercherie. Il n'y a que Dhiyab qui, dès la première bouchée, a remarqué que c'est de la semoule mélangée à des cendres. Il s'est rendu compte également que le vrai r'fis se trouve au fond du plat, c'est pourquoi, il plonge profondément sa cuiller pour le retirer ; il mange, crache discrètement les noyaux qu'il cache dans un pan de son vêtement. A la fin du repas, Djazia sort de sa cachette et vient les trouver. — Je choisirai celui qui me donnera, sur l'heure, des nouvelles fraîches du désert ! Les hommes ne comprennent pas. — Des nouvelles du désert ? Mais aucun d'entre nous n'est allé dans le désert... C'est alors que Dhiyab retire les noyaux de dattes et les jette vers Djazia : — Il n'y avait pas de r'fis... à la surface du plat, mais au fond ! explique-t-elle, c'était cela la perspicacité que je demandais : ne pas se contenter de ce qui est superficiel, mais aller au fond des choses... Et, parmi vous, seul Dhiyab l'a fait ! Elle se retourne vers lui ; — C'est donc toi que j'épouserai ! (à suivre...)