Vulnérabilité n L'observation a montré que sur 10 victimes de violence dans nos grandes villes, huit étaient des femmes et des enfants. N'enfonçons pas nos têtes dans le sable comme l'autruche, pour nous cacher d'une vérité pourtant évidente et aussi claire que le soleil : la violence qui secoue le monde occidental et qui fait pratiquement l'ouverture des chaînes télévisées a forcément des répliques dans notre société ne serait-ce que par le canal des satellites et les journaux qui remplissent chaque matin nos kiosques. Deux exemples vont illustrer largement cette affirmation qui n'a rien de gratuit et qui repose, hélas, sur de faits concrets. Commençons par le monde dit «civilisé» et qui ne se prive pas, sous prétexte de liberté, de légaliser tout ce qui est interdit ailleurs. Alors que dans le reste du monde, la vérité d'armes à feu est soumise à une très pointilleuse législation, aux USA n'importe quel adulte peut s'offrir n'importe quelle arme sans se soucier et sans avoir à craindre qui que ce soit. Indépendamment de cette morale marchande que rien n'excuse ni ne justifie, le pays se retrouve avec plus de 100 millions de citoyens armés jusqu'aux dents. Résultat : des drames atroces, parfois inexplicables. En France, cette violence de masse où les tireurs tuent à l'aveuglette sans choisir de cibles, se substitue plutôt à ce qu'on peut appeler «la violence de couple». Il n'est pas rare, par exemple, qu'un homme abandonné par sa femme, se venge en tuant ses propres enfants et en retournant l'arme contre lui. Ce genre de violence est tellement banalisé dans l'hexagone qu'il fait désormais partie de la rubrique : «Faits divers». Bien sûr, notre pays n'est pas exempt de violence. Aucun pays ne l'est d'ailleurs. La violence qui sévit chez nous n'a, fort heureusement, pas la dimension «industrielle» qu'elle revêt parfois en Europe ou aux Etats-Unis. Aucun tueur, même fou, n'a encore tiré sur la foule pour faire le maximum de victimes et pour le seul plaisir de voir couler le sang. Aucun étudiant, même le plus pervers, ne s'en est pris par les armes à ses camarades de lycée ou d'université. A l'exception d'un étudiant qui a poignardé l'année dernière son professeur à Mostaganem — un cas unique dans nos annales —, le reste de la violence en milieu scolaire se partage entre la correction d'un prof par un élève ou la correction plutôt musclée d'un élève turbulent par un prof. L'observation a montré que sur 10 victimes de violence dans nos grandes villes, huit étaient des femmes et des enfants. Les motifs sont toujours les mêmes à quelques nuances près : le vol, le viol et la vengeance. En 2008, un détraqué enlève près de Constantine un garçon de trois ans et lui fera subir des violences sexuelles jusqu'à ce que mort s'ensuive. Le 17 février de cette année, une jeune étudiante de 20 ans est séquestrée dans un laboratoire photo et violé tour à tour par le gérant et le photographe. Quant aux femmes auxquelles on a subtilisé de force les bijoux ou les portables sous la menace d'armes blanches, elles sont plutôt légion.