Résumé de la 2e partie Le docteur Schuss est supçonné d?avoir tué sa femme. Le policier arrive avec un mandat de perquisition. Le petit homme s?agite. Je n?étais pas nazi, si c?est ce que vous voulez dire, et ce travail dont vous parlez n?a jamais existé ! ? Erreur, docteur Schuss, erreur, la lettre anonyme est assortie d?un joli petit fascicule qui porte vos initiales : «F. S.» Frantz Schuss, c?est bien ça ? ? Ecoutez, on a pu se servir de mes travaux sans que je le sache. Vous ne croyez pas ? ? Possible, en effet. ? Mais vous n?y croyez pas ? ? Exact, en effet. J?ai fait ma petite enquête auprès des services de renseignements. J?y ai un excellent ami, voyez-vous. Je sais même que vous n?avez pas été inquiété après la guerre, à part un simple interrogatoire. ? Alors, excusez-moi, mais encore une fois je ne vois pas le but de votre visite ni le rapport entre mes supposés travaux et la disparition de ma femme ! ? Je vais vous l?expliquer, docteur Schuss. La lettre que voici vous accuse, en outre, d?avoir assassiné votre femme en décembre 1960. Cette lettre dit très exactement : «Le docteur Schuss et Fritz Hesse ont exécuté une femme en 1940. Ils ont fait un rapport de dissection qui a disparu malheureusement, mais qui abondait en détails horribles et scandaleux sur ce qu?ils appelaient l?impureté physiologique de la femme juive. Le docteur Schuss est donc un assassin. Je ne peux pas fournir de preuve sur ce crime mais je ?sais? qu?il est capable d?avoir tué sa femme. C?est un fou et un monstre. Mme Schuss n?a pas disparu à Innsbruck. Je l?ai vue le jour de son retour et elle m?a fait part de son intention de divorcer. C?est le lendemain qu?elle a disparu.» ? Voilà, docteur Schuss? Qu?avez-vous à répondre ? Le docteur Schuss n?a rien à répondre, apparemment. Il transpire à grosses gouttes, il est pâle, il tortille lamentablement son écharpe et ses lunettes. C?est le moment que choisit le policier pour sortir un papier de sa poche. ? Docteur Schuss, j?ai là un mandat de perquisition en bonne et due forme, mes hommes attendent dehors. Cette fois, le docteur Schuss pleurniche : ? Faites ce que vous avez à faire, mais je vous préviens, c?est une ignominie ! Une cabale montée contre moi ! Ces lettres anonymes sont dégoûtantes ! Oui, dégoûtantes ! Ma femme est partie avec un cheikh milliardaire? Cette phrase, il la répète des dizaines de fois, tandis que l?équipe de policiers fouille sa maison de fond en comble. Et il rajoute même des détails : ? Excusez-moi, monsieur l?officier, vous ne connaissiez pas ma femme. Elle a toujours été attirée par le désert. En vérité, elle s?est fait littéralement enlever par cet homme. Il était aux sports d?hiver en même temps que nous à Innsbruck et il se croyait tout permis, je vous assure ! Dieu sait où est ma femme à présent, répudiée probablement, ou enfermée dans un harem? ? Quel âge a votre femme, docteur Schuss ? ? Quarante ans? ? C?est elle, sur la photo, là ? ? Oui. Elle était belle, n?est-ce pas ?? Le docteur Schuss a pris l?air d?un veuf pour dire cela, l?air et la grammaire, car il a dit «était», comme s?il la savait morte. Pour être tout à fait objectif, Mme Schuss n?est d?ailleurs pas aussi belle qu?il le dit. Agréable sans plus, bien blonde et bien potelée, avec un visage d?une grande naïveté. (à suivre...)