Au Maghreb aussi, il n'est pas donné à n'importe qui d'interpréter les rêves. Il faut s'adresser à des personnes pieuses, connues pour leur expérience, mais aussi pour leurs connaissances des textes religieux. Comme en Orient, il y a aussi des personnes spécialisées dans l'interprétation des rêves et qui exercent ce métier rémunéré. L'interprète (mu'abir) doit être également un homme pieux et savant qui connaît parfaitement les sciences religieuses, pour ne pas s'écarter des dogmes de la religion. Mais on sait que cette profession très recherchée, a été exercée par des hommes (au Maghreb, également des femmes) sans véritable savoir. Ibn Qutayba (mort en 889) et auteur du Kitâb ta‘bîr al-ru'ya, dont des extraits nous sont parvenus, écrit à ce propos : «Il n'est pas de science relevant de la sagesse (h'ikma) qui ne soit nécessaire pour l'interprétation des songes, y compris les sciences mathématiques, juridiques et linguistiques, les maximes, les institutions religieuses et cultuelles et d'autres sciences. Il te faudra tenir compte des divers éléments d'interprétation fournis par ces sciences. Dans tous les cas, ce que tu connais des principes de l'interprétation, tels qu'ils te sont expliqués, doit avoir plus de poids que ce que te dira le rêveur pour t'en détourner, si digne de confiance et si véridique, soit-il.»