Lucidité Le sélectionneur national et directeur technique national, Rabah Saâdane, demeure imperturbable à toutes les tentatives des journalistes de l?emmener sur le terrain glissant des fausses ambitions et des conclusions hâtives. InfoSoir : Sur quoi reposent les changements que vous avez apportés sur l?équipe pour le match face au Zimbabwe ? R. Saâdane : Depuis le début de la compétition et bien avant, j?ai toujours dit que nous possédions un groupe de 22 joueurs ? aujourd?hui 21 après le départ de Ouadah ? où personne ne peut prétendre être titulaire à part entière. La preuve est qu?un garçon comme Zafour ou Gaouaoui, qui n?étaient pas rentrants lors du premier match face au Cameroun, ont gagné des places de titulaires après la blessure de Beloufa, pour le premier, et l?intoxication de Mezaïr, pour le second. Vous comprenez donc que notre souci est d?avoir un groupe opérationnel à toutes les éventualités et surtout polyvalent. Les circonstances de ce début de compétition nous ont donné raison. Ensuite, il y a la suspension de Mamouni qu?il faudra prendre en considération et peut-être d?autres joueurs qui ont déjà des cartons. A ce niveau de la compétition, on ne peut pas se permettre d?avoir de mauvaises doublures. C?est pour cela que je n?aime pas trop le sens péjoratif que donne en général les journalistes au mot remplaçant. Par ailleurs, le fait d?aligner de nouveaux joueurs face au Zimbabwe permet d?apporter du sang neuf à l?équipe et un plus en raison de leur grande motivation. Prenez l?exemple de Roger Lemerre, le sélectionneur de la Tunisie, qui n?est pas n?importe qui, eh bien il a utilisé pas moins de 20 joueurs. Il a même mis au repos des éléments clés, tel Dos Santos lors du second match alors que la qualification n?était pas encore acquise. Sachant que sur le plan de la préparation et de la cohésion vous avez un gros retard, sur quoi basez-vous votre travail actuel pour permettre à l?équipe de rivaliser avec le haut niveau de la compétition ? Effectivement, nos faiblesses et nos lacunes étaient connues avant même d?arriver à Sousse, ce qui nous a obligés de jouer avec nos moyens et de valoriser certains autres aspects du football moderne dont la tactique et la préparation psychologique. A titre d?exemple : pour notre troisième match, et connaissant la mentalité du joueur algérien qui a tendance à prendre de haut des adversaires dits de petit calibre, ce qui n?est d?ailleurs pas le cas du Zimbabwe, nous avons axé notre travail sur l?aspect psychologique. Il fallait que les joueurs se reconcentrent sur la tâche qu?ils doivent accomplir sur le terrain. Sur un autre plan, nous profitons des trois ou quatre jours d?avant chaque match pour travailler certains autres aspects technico-tactiques comme la conservation de la balle et la préparation de phases offensives, aspects qui nous font défaut en ce moment. Pour vous dire que nous savons d?où nous venons et nous savons où nous voulons aller. En évoquant justement ce propos, ou comptez-vous aller M. Saâdane dans cette CAN, sachant que l?appétit vient souvent en mangeant ? Personnellement, je ne fais aucun calcul et je ne veux pas m?enflammer pour rien. Je vous l?ai déclaré à Alger : nous jouerons match par match. Ce n?est pas du tout une navigation à vue et aucun sélectionneur ne va vers l?inconnu. Nos adversaires, nous les étudions au détail près, mais je me refuse à choisir tel ou tel en quarts de finale ou en demi-finales. Concentrons-nous sur nos propres objectifs et gardons les pieds sur terre. Nous avons eu vent d?un différend entre Belmadi et Cherad ; cela est-il vrai et comment avez-vous géré cet incident ? Les divergences existent dans toutes les sélections et au sein même d?une famille. Ne vous est-il pas arrivé de ne pas vous entendre avec votre femme ou votre mère ? Voyez le Nigeria, le staff a renvoyé trois joueurs et cela n?a pas empêché l?équipe de battre l?Afrique du Sud (4-0). Il faut savoir qu?après 15 jours ensemble, la lassitude finit par s?installer et des accrochages peuvent survenir, c?est pourquoi il revient à chaque fois au staff technique de gérer tout cela. C?est, à mon avis, la phase la plus délicate. Mais pour revenir à votre question, sachez que l?incident survenu entre les deux joueurs est minime et ce n?est pas la peine de lui accorder trop d?importance. Le soir même, les choses sont rentrées dans l?ordre. Et c?est pour toutes ces raisons que nous avons décidé de donner une journée entière de quartier libre aux joueurs après le match d?aujourd?hui. Cela permettra à tout le monde de décompresser, y compris moi-même. Avec un peu plus de recul aujourd?hui, que pensez-vous du cas Ouadah et êtes-vous favorable à son retour dans un avenir proche ? Ouadah a été humble et nous avons accepté sa décision. Il a demandé une place de titulaire et il n?était pas question d?enfreindre la discipline générale du groupe. Maintenant s?il veut revenir un jour, ce sera dans les mêmes conditions de sélection établies au préalable. L?intérêt de l?Equipe nationale prime tout autre intérêt et tant que je serai à la tête de la DTN j?y veillerai. Je ne suis pas du tout rancunier et avant d?être sélectionneur, je suis un éducateur et un formateur.