Les chiites ont été l'objet d'attentats dans plusieurs villes du nord de l'Irak faisant de nombreuses victimes. A l'instar des années précédentes, l'Achoura de 2007 a été marquée par de nombreux attentats qui ont visé la communauté chiite à Baâqouba, dans la province de Souleymaniyeh (localité de Khanequin) et dans la ville de Kirkouk. Ces attentats ont eut lieu le jour de l'Achoura où près d'un million et demi de pèlerins venus de toutes les régions d'Irak, et également d'Iran, se rassemblaient autour du mausolée de l'imam Hussein dans la ville sainte de Kerbala, où aucun incident n'a été toutefois signalé. Les autorités avaient pris des précautions pour que ne se renouvellent pas les carnages de l'année dernière. C'est ainsi que près de 10.000 policiers et soldats irakiens ont assuré la sécurité des pèlerins à Kerbala et dans ses environs pour prévenir tout éventuel attentat. Mais des attentats n'ont pu être empêchés dans d'autres régions du pays, notamment à Baâqouba et Khanaquin (dans la province de Souleymaniyeh) où près de 50 personnes ont été tuées et une centaine d'autres blessées, en majorité des chiites et des Kurdes chiites. A Kirkouk, un attentat, qui n'a pas fait de victimes, a ciblé neuf maisons, se soldant, toutefois, par des blessures pour 11 personnes. Au village de Dour Mandali, dans la circonscription de Baâqouba, 24 personnes ont été tuées et 57 blessées par un kamikaze qui a actionné sa ceinture d'explosifs au milieu d'une foule rassemblée à la mosquée Ali Al-Akbar pour l'Achoura, selon les indications de la police de la ville de Baâqouba. Un autre village, plus au nord, à Khanequin, ce sont 11 Kurdes chiites qui ont été tués alors que 39 étaient blessés hier dans l'explosion d'une bombe près d'un lieu de culte chiite dans le centre de la localité selon les déclarations de la police arrivée sur les lieux. Selon ces sources, l'explosion a été provoquée contre la communauté «fayli» (des Kurdes chiites) au moment où elle célébrait le deuil de l'Achoura. Cette localité frontalière de l'Iran, ne faisant pas partie du Kurdistan autonome, a déjà fait l'objet d'un attentat meurtrier en 2005 qui a occasionné la mort de 78 personnes et faisant plus de 90 blessés, qui a été considéré comme l'attentat le plus sanglant dans une région frontalière jusqu'alors épargnée par l'escalade de violence qui meurtrissait l'Irak. L'attentat de Khanequin a été l'oeuvre de deux kamikazes qui se sont introduits dans le lieu de prière où se pressaient les fidèles, selon les témoins sur place. Cette localité a la particularité d'être, aujourd'hui, habitée uniquement par la seule communauté «fayli» après «l'expulsion» des sunnites et des chiites consécutivement à la chute du régime de Saddam Hussein, en avril 2003. Dans cette série d'attentats qui ont marqué la journée de l'Achoura, il y eut l'explosion de bombes placées devant neuf maisons appartenant à des chiites à Kirkouk, faisant onze blessés. Ville pétrolière, où cohabitent sunnites, chiites, Kurdes, Turcomans et chrétiens. Kirkouk, revendiquée par les Kurdes qui veulent la rattacher à leur région autonome du Kurdistan, peut, à terme, devenir le nouveau casse-tête du gouvernement irakien au fur et à mesure que l'on se rapproche de la date fatidique du 31 décembre lors de laquelle doit être organisé un référendum qui déterminera le statut définitif de la ville comme le stipule l'article 140, controversé, de la Constitution irakienne adoptée en décembre 2005. Aussi, l'attentat d'hier à Kirkouk, qui se trouve à 250 km au nord de Baghdad, peut être un avertissement préparant des jours sombres pour le poumon pétrolier de l'Irak, d'autant plus que la ville a connu ces trois dernières années, des affrontement communautaires, parfois meurtriers. Par ailleurs, rendant compte du bilan des affrontements qui ont opposé dimanche à Zarka, à 20 km de la ville sainte de Najaf, les soldats irakiens et américains à des membres d'une secte messianique chiite, le ministère irakien de la Défense a indiqué hier que «le bilan final s'élève à 263 terroristes tués et 502 arrêtés, dont 210 sont blessés» selon son porte-parole Mohammed Al-Askari. Des violents combats ont opposé durant toute la journée de dimanche les forces coalisées irakiennes et américaines à la secte chiite, avec au moins six morts du côté des soldats irakiens selon la même source. La situation reste ainsi précaire en Irak car si la capitale est demeurée relativement calme cela n'a pas été le cas de l'intérieur du pays où il fut observé une certaine recrudescence de la violence.