Expression n «Je te peins, tu m'étreins, je t'étreins, tu me peins» est une exposition associant sur une même surface picturale deux artistes, au théâtre de verdure. «Je te peins, tu m'étreins, je t'étreins, tu me peins» est plus qu'une exposition, révélant des peintures, celles de Dokman Amor Driss Lamine et de Houadef Djahida. Elle est une performance artistique, réunissant les deux artistes autour d'une même œuvre, d'une même création qui se révèle doublement organisée. Le principe est simple : Dokman et Houadef ont travaillé ensemble, partageant un même espace pictural. Autrement dit, tous deux sont intervenus sur une même surface, y combinant ainsi deux expressions et deux sensibilités, y associant deux imaginaires, le premier étant un prolongement du second. «Je travaillais sur le thème des fleurs, le même qu'aborde et développe Djahida dans son travail», explique Dokman pour qui cette entreprise a été facile, puisque l'idée émanait de lui, ajoutant : «J'ai vu qu'il y avait un langage à partager, que c'était un complément d'idée, d'où d'ailleurs l'idée de lui proposer le principe et, du coup, l'embarquer dans l'aventure.» Ainsi, en peignant la bordure de la surface du tableau, Dokman demande à Houadef de poursuivre le travail, en peignant le centre. «Moi, j'ai hésité au départ», déclare Djahida Houadef, et de poursuivre : «Je n'ai pas refusé l'idée que d'ailleurs j'ai trouvée intéressante, mais j'ai eu un long moment de réflexion avant de me lancer dans l'aventure.» «Cela a été difficile d'entreprendre la suite, de compléter le centre du tableau, sachant que j'étais entourée, assiégée par la bordure, parce qu'il fallait travailler par rapport à ce qui a été fait par Dokman», avoue-t-elle, ajoutant : «Ensuite, ça a été à mon tour de faire la bordure et de la proposer à Dokman pour que lui continue la partie centrale.» Djahida Houadef reconnaît, en outre, une certaine difficulté dans le travail qu'elle devait mener. «Il y avait une certaine contrainte, celle de chercher la manière de compléter l'œuvre», fait-elle savoir, et d'expliquer : «C'est-à-dire trouver le lien; et le lien est de m'adapter à ce que Dokman me propose pour que moi je puisse compléter le centre du tableau, c'est-à-dire m'adapter à une forme plastique et à l'assimiler dans mon travail de création.» Pour Dokman, c'est une façon de conditionner sa partenaire, de l'obliger à suivre une direction, tout en lui ôtant une partie de sa liberté, de réduire ses capacités d'intervention, tout comme Houadef a assiégé, à son tour, son partenaire et lui a imposé une manière d'être - et de faire. Et cela pour un meilleur effet plastique - ou esthétique. «Quand on coince quelqu'un, on l'encercle et on le contraint à suivre des directives, une conduite déjà établie, on parvient en conséquence, et à coup sûr, à un bon résultat», dit-il, indiquant : «Il s'agit là d'un travail constructif.» «C'était un fait qui s'est imposé à moi, une contrainte que je devais affronter et par laquelle j'allais créer, et me permettre de donner quelque chose», déclare Djahida Houadef. «C'est aussi cette contrainte qui nous amène à faire l'effort de donner», relève-t-elle. l Dans ce duo créatif et constructif qui est également une aventure artistique, les deux artistes, même s'ils semblent avoir été associés autour d'un même travail, ont, en revanche, travaillé chacun de son côté, tout en tenant compte de ce qui été fait par l'autre, ce que l'un a proposé à l'autre. «Tout en se complétant, chacun a travaillé séparément», expliquent-ils. Interrogés sur l'objectif de ce partenariat, les deux artistes ont répondu : «C'est d'arriver à créer une symbiose, à nous rapprocher en tant qu'artistes, parce que généralement les artistes sont égoïstes, chacun préfère travailler seul, dans son petit coin. En somme, ce travail qu'on a fait ensemble est un acquis, parce qu'il nous a permis de nous découvrir et de nous apprécier. Il nous a appris le partage, la communication et d'assimiler l'autre, en faire un élément de soi.» «C'est aussi apporter une nouvelle façon de travailler, des sensations nouvelles, et cela à travers les formes et les couleurs, c'est-à-dire à travers une nouvelle esthétique», poursuivent-ils. Cette aventure artistique qu'ont entrepris les deux artistes est une expérience inédite. «C'est une première en Algérie», assurent les deux artistes.