Poursuite Quelques heures après le drame, le rituel religieux de la lapidation de Satan reprend son cours. Le site où se trouve une stèle de 18 m de haut symbolisant Satan est alors pris d'assaut par la foule de pèlerins, vêtus de blanc et armés de petits cailloux qu'ils lancent en direction du pilier. «Ce qui s'est passé ce matin n'a pas arrêté l'accomplissement des rites du hadj. Les pèlerins ont continué à affluer et j'ai réussi à lapider Satan», confie Walid Faïdallah, un Egyptien de 32 ans. Plusieurs pèlerins saoudiens et asiatiques interrogés estiment que cette catastrophe est «un incident regrettable, qui peut arriver durant le hadj», tout en donnant des versions différentes de la bousculade dont ils ont été témoins. «J'étais sur les lieux et j'ai vu 30 à 40 corps étendus sur le sol. Mais je ne sais pas s'il s'agissait de personnes mortes ou évanouies», raconte un jeune Saoudien, après avoir lapidé le pilier avec sept cailloux, comme le veut la tradition. Accompagné de deux de ses compatriotes, quittant le site de lapidation par une colline menant vers le centre de Mina, il se refuse à donner des détails sur la bousculade. «En fait, j'ai vu trois ou quatre morts», confie laconiquement un autre Saoudien, Ali Al-Awaji. Le mutisme est de mise chez des pèlerins asiatiques. «Je ne parle aucune autre langue que le pachtou», dit un Pakistanais. «Je n'ai rien vu. Mais j'ai pu procéder à la lapidation de Satan, remplissant ainsi un des rituels de mon hadj, que j'effectue pour la seconde fois», indique, pour sa part, un pèlerin chinois, Mawen Bin, qui, selon lui, fait partie d'un groupe de 70 musulmans chinois venus pour le hadj. «Alors que je lançais, hier (diamanche Ndlr), les cailloux en direction de Satan, j'ai été poussé subitement. Je suis tombé pour me retrouver par la suite ici», raconte Rahmat Ali Fadaeddine, un Pakistanais de 80 ans, alité à l'hôpital public de Mina. La foule des pèlerins, formant une véritable marée humaine, continue à envahir le site de la lapidation et les alentours. Le rite de lapidation de Satan, qui marque le premier jour de l'Aïd el-Adha, fête du Sacrifice, s'étale sur trois jours et consiste à lancer chaque jour sept cailloux contre chacun des trois piliers de 18 m de haut, situés sur un parcours de 272 m.