Contraste n A l'approche de l'été, Alger-Centre se métamorphose et tente de s'animer aux premières heures de la soirée avant de sombrer, à nouveau, dans son silence habituel à partir de minuit. Les choses commencent à «bouger» depuis quelque temps au niveau de certains endroits notamment à la célèbre place Audin, tout au long de la rue Didouche-Mourad, du côté de la façade maritime, mais aussi et surtout au niveau de la Grande-Poste. On y voit en effet des gens attablés aux terrasses des cafés autour d'un thé et discutant de tout et de rien. D'autres, en famille ou seuls, vont et viennent. Les commerces ne sont pas tous ouverts mais ceux dont les promeneurs ont besoin sont là à leur disposition comme les salons de thé et les cafétérias. En attendant que les autres commerçants adhèrent à ce choix. «Il arrivera peut-être un jour où Alger-Centre retrouvera son animation d'antan», nous dit Sid Ahmed tout en servant une glace à une cliente. Mais il se dit que son choix de proroger l'heure de fermeture de son commerce répond avant tout à une logique commerciale. Le mouvement des gens donne une image d'une ville qui vit, contrairement à la morosité observée il n'y a pas si longtemps. «Les comportements changent en été. La chaleur pousse les gens à sortir pour prendre un peu d'air frais», dit Yacine tout en sirotant tranquillement son thé. Il regrette cependant le fait que les Algérois, pour une raison ou pour une autre, aient choisi de rester à la maison plutôt que de découvrir la beauté de leur ville la nuit. «Alger est belle et sa beauté ne se découvre que la nuit loin du brouhaha de la journée», insiste Kader, la cinquantaine, qui se souvient des années où la capitale ne dormait point. «Je n'ai pas changé mes habitudes jusqu'à ce jour. Chaque soir, et ce depuis l'âge de vingt ans, je n'ai pas raté une seule fois, été comme hiver, une promenade nocturne dans les entrailles d'Alger-Centre», affirme-t-il mais il avoue que la situation n'est plus comme avant en dépit de l'existence de gens qui défient, comme lui, le spectre invisible qui plane sur Alger durant la nuit. «Il y a une peur à laquelle je n'arrive pas à trouver d'explication. Les gens ont encore peur de je ne sais quoi», lâche Farid, assis sur un banc faisant face à la mer du côté de la façade maritime, à l'imposant boulevard Zighoud-Youcef. «Pourtant, les agressions sont rares ces derniers temps en raison de l'omniprésence des services de sécurité», constate-t-il. Il est 23h 30. La place Audin n'est plus comme elle était trois heures auparavant. Les immenses trottoirs qui la bordent sont déserts et les passants se font rares. Les seuls compagnons du cœur de la capitale de l'Algérie sont malheureusement ces nombreuses personnes qui dorment à la belle étoile... Lire demain notre dossier «Alger manque d'espaces verts et d'infrastructures de loisirs»