Réflexion n Le colloque scientifique portant sur le «Théâtre africain : entre modernité et authenticité» s'est ouvert, hier, vendredi, à l'Institut des sciences et technologies du sport. Initié en marge du Festival international du théâtre professionnel d'Alger qui, lui, est inscrit dans le cadre du deuxième Festival panafricain, ce colloque, s'étalant sur trois jours, a, selon les organisateurs, «pour objectif, de se pencher sur la problématique du théâtre africain dans une approche anthropologique et ethnologique africaines, loin de tout ethnocentrisme occidental». «Oralité et conte dans le théâtre africain» est la première problématique abordée lors de la première journée qui a été marquée par l'intervention de l'universitaire algérien Ahmed Mennour qui a exposé La tragédie du roi Christophe, une pièce d'Aimé Césaire. L'intervenant a souligné que «l'auteur a construit sa pièce autour du patrimoine oral». «Il a intégré des éléments de la tradition orale dans l'écriture dramaturgique», a-t-il indiqué «en construisant une nouvelle forme d'écriture, une écriture spécifique à la culture africaine en général et créole en particulier, Aimé Césaire s'est détourné du classicisme européen et des formes aristotéliciennes.» «Il a mis en situation le patrimoine populaire, en y projetant les rites, les croyances, les cérémonies, les mythes et les habitudes créoles», a-t-il souligné. Ainsi, «la pièce s'avère en soi une composante culturelle», a-t-il conclu. Le professeur ivoirien Bosson Aney Clément, également poète et dramaturge, a abordé la question de l'oralité dans le conte. «Le conte, un récit imaginaire, est un exercice oral», a-t-il dit, et d'enchaîner : «Il est né dans la société de l'oralité.» «Le conte ne peut être considéré comme tel sans le conteur qui le véhicule et lui donne vie, assurant alors sa transmission.» Le conteur apparaît comme garant du conte et en conséquence le maintien de l'oralité dans le conte et le garant de son originalité. Il se trouve que dans les temps modernes, le conteur tend à disparaître, et le conte ainsi que l'oralité avec. L'écriture devient alors une nécessité pour sa préservation. «L'écriture assure la vie du conte, le préserve de l'oubli», a-t-il fait savoir et de poursuivre : «L'écriture est une forme de l'expression orale. Elle ne tue pas l'oralité.» Toutefois, l'écriture se révèle comme étant une oralité figée. Mais la question qui se pose est quelle écriture propose-t-on pour maintenir le conte et, du coup, garantir l'oralité. Bosson Aney Clément propose une écriture capable de reproduire les effets de l'oralité et de rendre compte de ses aspects, c'est-à-dire être en mesure de la faire sentir. Enfin, Hadj Meliani, universitaire et chercheur algérien, a, dans son intervention, souligné l'importance de l'oralité qui est l'un des fondements de notre culture dans le théâtre, parce que son usage dans la pratique théâtrale, aide à mieux préserver le patrimoine immatériel dans sa diversité et ses fondements. Le théâtre devient alors l'expression vivante du patrimoine et de l'identité culturelle. Il est le lieu de l'expression de la mémoire collective et des rapports qu'entretiennent les uns avec les autres.