Doléances n Eparpillés çà et là sur certaines places d'Alger-centre, les bouquinistes espèrent avoir un espace culturel stable, propre à eux et légalement reconnu afin de pouvoir exercer tranquillement leur métier. Avant 2004 et avant qu'ils ne soient chassés et éparpillés, les bouquinistes travaillaient tranquillement à la place Plateau des Glières. A l'époque, ils n'étaient pas seulement une dizaine, mais leur nombre dépassait la trentaine. Plusieurs personnes se souviennent bien de cet espace où se rencontraient des jeunes, des vieux, des femmes et des hommes qui ont pour point commun leur intérêt pour la lecture. «A l'époque, ce lieu était un véritable espace culturel, nous travaillions surtout avec les étudiants qui étaient nombreux à venir chercher des ouvrages, de bonnes occasions à des prix raisonnables», se rappelle un bouquiniste qui continue d'exercer à ce jour sa profession malgré toutes les difficultés et les entraves. Cependant, il déplore le fait qu'aujourd'hui il y ait un manque de lectorat et il y a peu d'affluence sur cet endroit par rapport au début des années 2000, ce qui est vrai. Pourtant, cette place reste le seul lieu adéquat à une telle activité. A ce propos, il y a lieu de rappeler que certains ont reçu par le passé des autorisations délivrées par les autorités locales pour s'installer au square Port-Saïd, mais après quelques jours seulement, ils ont quitté ce lieu qu'ils n'ont pas trouvé adéquat pour ce genre d'activité. Pour certains bouquinistes et plusieurs personnes interrogés, le jardin de la Grande Poste reste l'endroit le plus indiqué pour la vente des livres, car il est plus calme et mieux sécurisé. Néanmoins, la décision qui a ébranlé les bouquinistes et tous les amoureux du livre, c'est l'interdiction de vendre des livres sur cette même place à partir de 2004. Pour remplacer les livres, les responsables locaux n'ont pas trouvé mieux que d'installer à la même place un écran géant pour diffuser en plein air des matches de football et des dessins animés. Remplacer les livres par des épisodes de Tom et Jerry reflète clairement le peu d'importance qu'accordent nos responsables à la chose culturelle. A l'interruption de cette diffusion en avril 2007 pour des raisons sécuritaires, les bouquinistes ont été autorisés à s'installer sur les lieux, mais juste pendant l'été. Passé cette période, ils n'auront plus le droit d'étaler leurs livres. Cette situation ne les laisse pas indifférents, puisqu'ils sont réduits à travailler au noir, sans aucun statut. D'ailleurs, certains d'entre eux, interrogés sur la question, déclarent qu'ils souhaiteraint bien avoir un statut et travailler dans un espace culturel bien situé et réglementé.