Les bouquinistes qui exercent leur activité au centre, ville de Constantine souhaitent disposer d'un espace spécialement réservé à leur commerce qui mérite, considèrent-ils, d'être valorisé pour son utilité culturelle. Les passants qui empruntent Zenkat Abdallah Bey, l'un des passages menant de la rue Larbi Ben M'hidi vers la vieille ville, découvrent à l'entrée d'une voûte, des bouquinistes qui disposent sur des tables, leurs ouvrages traitant de tous les sujets et datant, le plus souvent, de plusieurs décennies. Ces vendeurs qui reçoivent une clientèle à la recherche de livres non disponibles dans les librairies, pallient grandement l'absence de titres épuisés et non réédités, en offrant en prime, la possibilité de marchander une bonne affaire.Installés depuis plus de vingt ans dans cette ruelle, ils ont également leur clientèle fidélisée, des amateurs qui viennent même des wilayas environnantes, et passent régulièrement, pour guetter une nouveauté ou une édition convoitée depuis longtemps. Ces "libraires de fortune" travaillant en pleine rue, même par mauvais temps, et demandent à exercer leur métier en toute légalité, dans des endroits appropriés où il leur serait possible de recevoir leur clientèle dans de meilleures conditions. De nombreux bouquinistes étaient d'ailleurs installés dans les boutiques des passages souterrains de la place des Martyrs, avant que les lieux ne soient désertés par la majorité des commerçants qui s'y trouvaient. Selon des clients et des habitués interrogés sur place, le commerce du livre n'est nullement menacé par les progrès technologiques, notamment la généralisation de l'accès à l'Internet, parce que le livre continue d'offrir des avantages irremplaçables et les chercheurs ne négligent aucune forme de document, quel que soit le support. Les bouquinistes ont la conviction qu'ils exercent une activité noble, certains d'entre eux acquièrent une vaste culture générale et sont eux-mêmes des lecteurs qui ne manquent pas d'échanger et d'enrichir leurs connaissances, au contact de leurs nombreux visiteurs, de toute condition sociale et de tous âges. Ils s'approvisionnent en livres là où ils le peuvent, le plus souvent chez des particuliers contraints de vendre ce qu'ils possèdent ou manquant d'espace chez eux. Parfois, il arrive qu'ils récupèrent de vieux stocks, liquidés pour changement d'activité ou toute autre raison. Cette activité mérite, selon un client féru de lecture, d'être valorisée comme elle l'a été dans plusieurs villes où les bouquinistes ont leur quartier ou leur rue, avec des locaux décents. Le marché des vieux livres est souvent perçu comme un métier marginal, au même titre que les ''puces'' ou les ''brocantes'', pourtant certains bouquinistes imposent le respect, font aimer leur métier et sont de véritables collectionneurs chez qui il n'est pas impossible, pour un client, de trouver la "perle rare".