Réaction Il n?en pouvait plus, le pauvre Kamel : son frère lui menait la vie dure. Il voulut en finir avec lui. Il acheta alors une arme à feu et décida de le tuer? Kamel, marié et père de 10 enfants, est, depuis plusieurs années, comme chien et chat avec son frère Ali. Ce dernier veut le priver de tout et n?arrête pas de comploter pour avoir à lui seul l?héritage familial. Les choses ne s?arrêtent pas là. Ali, selon Kamel, s?ingère dans toutes ses affaires. Il n?a aucune considération pour ses neveux qu?il traite comme des moins que rien. Pis encore, il se permet même de harceler la femme de son frère. Les choses ne peuvent continuer ainsi, se dit Kamel. Il faut mettre un terme à cette situation invivable. Une seule solution s?offre à ce père de famille humilié : tuer, éliminer son frère. Il décide de passer au premier acte de son entreprise en ce mois de novembre 2001. D?abord, il pense à se procurer une arme. Pour cela, il contacte un ami à lui, qui se charge de lui trouver une arme à feu et 6 cartouches à un prix «abordable» : 60 000 DA. Pendant les six mois qui vont suivre, Kamel est obsédé par cette idée de tuer son frère. Il décide de passer à l?acte le 30 avril 2002. Il tend un piège à son frère qui doit se rendre à Birkhadem. Il ne pense pas que ce dernier serait capable de l?éliminer, il est sûr de lui même et de son influence sans limite sur ce frère trop faible et trop âgé pour pouvoir se révolter de quelque manière que ce soit. Cependant, Kamel est bien décidé à en finir. Il sort son arme et tire une première fois sur Ali. Mais il le rate. Il essaye une seconde fois, mais l?arme s?enraye. Rien ne marche, décidément, tout s?écroule. Ali, le moment de stupeur passé, prend ses jambes à son cou et décide de déposer plainte. Quelque temps plus tard, Kamel est arrêté et écroué pour tentative d?homicide volontaire et détention illégale d?arme à feu. L?affaire est jugée par le tribunal criminel d?Alger lors de sa session du 15 juillet 2003. Tout au long de l?audience, l?accusé ne cesse de répéter que son frère lui menait la vie dure. L?accusé ajoute qu?il ne voulait pas le tuer, mais seulement lui faire peur pour qu?il le laisse tranquille, lui et toute sa famille. Aux questions du président du tribunal, il répond inlassablement que c?était la faute à son frère. Le président revient à la charge plusieurs fois et demande à Kamel de relater les faits tels qu?il se sont déroulés, en ce jour du 30 avril 2002. Mais l?accusé répète sans cesse que c?était la faute à son frère. Le juge entre soudain dans une terrible colère et décide de suspendre l?audience, car rien ne semble avancer. A la reprise, le calme revient et l?accusé décide enfin de parler. La partie civile insiste sur le fait que dans le geste de l?accusé, il ne faut surtout pas occulter qu?il y avait préméditation. Le représentant du ministère public abonde dans ce sens et relève que l?accusé avait bien l?intention de tuer son frère qui a échappé à la mort par miracle. A la fin de son intervention, il requiert 20 ans de réclusion contre l?accusé. Prenant la parole à son tour, l?avocat du prévenu rejette la préméditation, insistant sur le fait que son client n?avait, à aucun moment, l?intention réelle de tuer son frère. «Il voulait simplement lui faire peur, pour qu?il le laisse tranquille.» Il demande la clémence du tribunal vu l?âge et l?état de santé de son client et propose une condamnation avec sursis. Après les délibérations d?usage, Kamel est condamné à 3 ans de réclusion.