"GFP" Le pésident du CA Batna, M. Rachid Bouabdallah, a été l?un des initiateurs du projet du professionnalisme et du Groupement du football professionnel (GFP) en 1998. Cinq ans après, il nous en parle. Où en est, M. Bouabdallah, le professionnalisme aujourd?hui en Algérie ? Nous sommes au point zéro. Je dirai même que nous avons reculé de quelques marches depuis l?assemblée générale de la FAF en juillet 1998, où il a été annoncé le lancement du football professionnel en Algérie. Tout était pratiquement fin prêt, avec le cahier des charges ficelé, les statuts et les règlements du Groupement du football professionnel, le cadre juridique, etc. Malheureusement, avec le départ de M. Derouaz, ministre de la Jeunesse et des Sports de l?époque, et tous les changements qu?a connus la FAF depuis, tout est tombé à l?eau, comme si aucune réflexion n?avait été faite ni aucun projet mis en place. Apparemment, les acteurs de notre football préfèrent la foire et nager en eaux troubles. Tout ce qui est réglementé, codifié, organisé n?intéresse pas les gens. Aujourd?hui, les clubs crachent de l?argent, à coup de millions, voire de milliards pour des joueurs qui coûtent dix fois moins. Mais que voulez-vous, c?est la voie qu?on a choisie. Faut-il être sceptique au point que ce professionnalisme soit renvoyé aux calendes grecques ? Le professionnalisme est inéluctable et irréversible. Que ce soit maintenant ou dans dix ans, on est obligé d?y passer. Dans 4 ou 5 ans on peut franchir un premier palier comme l?ont fait avant nous nos voisins tunisiens qui jouissent du statut de non-amateur, soit une étape intermédiaire entre l?amateurisme et le professionnalisme. Cette démarche a été d?ailleurs proposée et explicitée dans le projet de 1998 et avait fixé la période de transition à trois ans. Le professionnalisme est un tout et l?ensemble de son environnement doit suivre : le Code du travail, les affaires sociales, la sécurité, etc. L?employeur payera alors sa quote-part patronale et l?employé s?acquittera de sa quote-part ouvrière et ainsi de suite. Une dernière question : Comment le CAB se prépare-t-il en perspective du professionnalisme ? Pour le CAB, les données se posent en d?autres termes. A mon avis, les clubs qui fonctionnent avec 10 ou 12 milliards de centimes par an, ce sont ceux-là, qui peuvent prétendre au professionnalisme, pas le CAB. Ce dernier demeure un club à petit budget dont la ressource principale provient des subventions de l?Etat. Or, dans un systsème professionnel, les subventions ne sont qu?un apport supplémentaire au budget du club qui, lui, provient d?autres ressources. La solution pour le CAB, pour l?instant, passerait par le centre de formation que nous comptons relancer et qui sera notre petite base pour pénétrer progressivement le professionnalisme d?ici à 2008 -2009. Le professionnalisme est-il une utopie ? Promesse. Depuis plus d?une décennie qu?on en parle, mais la crise multidimensionnelle que traverse le pays et la main basse du «milieu» sur le football ont empêché le professionnalisme d?émerger. Acteurs et décideurs s?accordent à dire, après moult constats, que le professionnalisme est un passage obligatoire, obligé et irréversible pour remettre le sport-roi sur les rails. Malheureusement les choses ont du mal à décoller malgré les v?ux pieux des dirigeants du football et les promesses des pouvoirs publics d?injecter de grands moyens financiers et d?aider le secteur à se relever en prônant une politique plus que volontariste. Une politique claire et courageuse jusqu?au bout. Il y a trois ans, la tutelle et la FAF avaient annoncé l?amorce du football professionnel avec l?avènement du fameux cahier des charges avant de freiner sec en se rendant à l?évidence et surtout en se frottant à la réalité du terrain. Car, en s?attaquant aux effets et non aux causes, le débat sur le professionnalisme a souvent tourné en rond. Plusieurs solutions ont été avancées à la suite des réflexions diverses ou travaux de commissions, mais aucune politique n?a réellement été tentée. Il est vrai qu?il faudra commencer par le commencement, ce à quoi s?attelle l?actuelle fédération, bien qu?elle soit elle-même gênée dans ses mouvements. Établissement et respect des calendriers, refondation des règlements généraux et révision des textes sont autant d?acquis pour lesquels il ne faudrait pas faire la fine bouche. La stabilité apparente de l?instance fédérale, malgré les départs de plusieurs membres de son bureau ainsi que la valse des techniciens à la tête de la DTN et des équipes nationales, donne une espèce de répit aux dirigeants dont le football a vraiment besoin. Reconstruire ce qui a été endommagé, des années durant, n?est pas chose aisée, surtout lorsqu?il faut inculquer cette culture dite de professionnels qui nous manque tant. En fait, le professionnalisme est une culture avant tout. Un état d?esprit et une façon de vivre. Il ne suffit pas de le dire pour l?être, mais il faut l?être et l?être tous les jours. Toute la vie. Pour bon nombre de responsables et dirigeants, l?apport de l?État est nécessaire à travers le MJS pour la réussite du professionnalisme. Comme cela a été le cas pour la réforme sportive de 1977. Un acte donc politique mené par des compétences à tous les niveaux (dirigeants, managers, techniciens, entrepreneurs, sponsors...) à travers trois grands chantiers : l?infrastructure, la formation et l?encadrement, le tout traduit par un suivi rigoureux et des règles et statuts clairs et respectés.