Incompatibilité n Les cursus universitaires offerts par les universités algériennes ne correspondent pas à la demande économique et industrielle de l'Algérie et ne répondent pas aux attentes des entreprises. Ainsi, il n'y a pas de concordance entre l'offre des universités algériennes et la demande des secteurs économique et industriel du pays. «Cet écart est dû essentiellement au système de l'enseignement supérieur algérien qui a opté, pendant de longues années, à la massification des étudiants, alors qu'il devait s'orienter vers la qualité», a déclaré Abderahmane Moufek, directeur général de l'Institut national de la productivité et du développement économique (Inpede) à l'occasion d'une table ronde organisée, hier, au centre de presse d'El Moudjahid. Parmi les retombées négatives de ce système, le faible niveau des nouveaux diplômés et la raréfaction des compétences. Selon M. Moufek, les entreprises nationales et étrangères ont souvent du mal à trouver de bons ingénieurs, de bons techniciens et même de simples assistants. Ainsi, beaucoup d'entre elles optent pour les compétences étrangères pour faire marcher leurs affaires et combler le vide national en matière d'offre d'emploi. L'université algérienne doit désormais s'ouvrir sur le monde économique et travailler avec tous les acteurs pour contribuer au développement économique et social du pays. Mohamed Chérif Belkassem, directeur général de l'Ecole supérieure de gestion, a souligné qu'une entreprise algérienne paie dix fois plus cher une simple opération d'expertise quand elle fait appel à un bureau d'études étranger. «Alors que l'enseignement supérieur doit s'ouvrir sur le monde économique et industriel, chez nous il est renfermé sur lui-même et gère d'une manière bureaucratique et administrative qui empêche toute progression», a déploré M.Belkassem. Dans cette optique, il a signalé que les responsables de ce secteur n'ont jamais associé les chefs d'entreprises, le patronat et les autres acteurs dans la mise en place des programmes d'enseignement pour définir les besoins économiques, techniques et industriels du pays. Selon M. Moufek, l'université et les entreprises doivent travailler en constante collaboration pour définir les besoins économiques et industriels nationaux. En effet, il faut que ces deux secteurs s'ouvrent l'un à l'autre pour améliorer leurs rendements. Pour cela, il faut associer tous les acteurs concernés, notamment, les chefs d'entreprises, les étudiants ainsi que le patronat. Selon M. Belkassem, l'Algérie est paradoxalement confrontée depuis plusieurs années, au problème de fuite des cerveaux. Dans ce sillage, il a indiqué que plus de 50 000 cadres algériens sont installés au Canada, qui leur a offert d'excellentes conditions de vie et de travail qu'ils n'ont pas eues en Algérie. La France, également, compte environ 7 000 médecins algériens, sur les 13 000 médecins étrangers qui exercent au niveau des hôpitaux de ce pays, c'est-à-dire plus de 50 %.