Course Le favori dans la course à l'investiture démocrate à la présidentielle américaine, John Kerry, va devoir insister sur ses qualités de «présidentiable». Il doit maintenir son avance sur ses rivaux, notamment le charismatique John Edwards qui séduit le Sud. Kerry a conforté sa position de leader, en remportant cinq des sept primaires et caucus organisés mardi, après ses succès initiaux dans l'Iowa (19 janvier) et le New Hampshire (27 janvier). Mais les sondages réalisés à la sortie des urnes ont montré que ses électeurs l'ont souvent choisi sans enthousiasme, peu convaincus par une personnalité jugée froide et même hautaine, mais persuadés qu'il est actuellement le seul à pouvoir battre le président sortant républicain George W. Bush, le 2 novembre. Dans le Missouri (centre) par exemple, Kevin Guinn, un imprimeur de 47 ans, expliquait ainsi son vote mardi pour Kerry : «Le principal, c'est d'éliminer Bush et tous ceux qui n'ont pas voté pour Kerry aujourd'hui ont gaspillé leur vote, car il est le seul à vraiment lui faire concurrence.» Gloria Prowell, étudiante, se montrait nettement plus circonspecte. «C'est clairement le favori. J'ai fait comme tout le monde, j'ai pris le train en marche», confiait-elle. «Pour Kerry, tout va se jouer sur ses qualités de présidentiable», estime David Corbin, professeur de sciences politiques à l'université du New Hampshire (nord-est). «S'il conserve l'image de celui qui a le plus de chances de battre Bush, il va remporter la victoire.» Un sondage USA Today/CNN/Gallup publié lundi donnait précisément Kerry gagnant contre Bush, avec 53% contre 46%, si l'élection présidentielle du 2 novembre avait lieu aujourd'hui. C'est le troisième sondage qui donne Bush perdant face au sénateur du Massachusetts. «Pour Kerry, ces sondages font des merveilles», souligne encore le professeur Corbin. «Tant que ce message est relayé auprès des militants démocrates, il n'a rien à craindre. Ils veulent un candidat pour battre Bush, Kerry peut le faire, les sondages le prouvent, donc on vote Kerry, c'est aussi simple que cela.» En revanche, ce sont aussi ses qualités de «présidentiable», si elles étaient contestées, qui pourraient devenir le talon d'Achille de Kerry. John Edwards, 50 ans, le sénateur de Caroline du Nord, qui séduit par ses origines modestes et son discours optimiste, ou encore, sans doute dans une moindre mesure, Wesley Clark, 59 ans, pourraient marquer des points s'ils arrivaient à démontrer que Kerry est incapable de l'emporter dans certains Etats. Mais si l'on se réfère aux sondages actuels, cela ne semble pas être actuellement une réalité.