Résumé de la 135e partie n Quand Haydock explique à Tuppence que ce sont des personnes comme elle que les nazis recherchent, elle lui répond en chantant une comptine, qui le met hors de lui... Maintenant, c'en est fini de vous - de vous et de votre précieux mari ! Puis, haussant encore le ton, il appela : — Anna ! La femme qui avait accueilli Tuppence, entra. Haydock lui confia le pistolet. — Surveillez-la. Tirez s'il le faut. Et il s'en fut, en coup de vent. Tuppence tenta d'adresser un regard complice à Anna qui se tenait devant elle, le visage impassible. — Vous seriez vraiment capable de me tirer dessus ? — Ne vous fatiguez pas à essayer de m'embobiner, répliqua froidement Anna. Mon fils, mon Otto, a été tué pendant la dernière guerre. À ce moment-là, j'avais trente-huit ans. Aujourd'hui, j'en ai soixante-deux,..Mais je n'ai toujours pas oublié. Tuppence scruta ce visage épais, ces yeux qui ne cillaient pas. Ils lui rappelaient celui de la Polonaise,Wanda Polonska. Même férocité effrayante. Même tension vers un but unique. L'amour maternel exacerbé ! Sans aucun doute l'Angleterre aussi était-elle pleine de Mrs Jones et de Mrs Smith qui partageaient la même passion. Il était vain de vouloir raisonner avec une femelle privée de son petit. Dans l'esprit de Tuppence, une idée s'agitait... un souvenir irritant... une intuition qu'elle n'était jamais parvenue à transformer en raisonnement conscient. Le roi Salomon... oui, cela avait à voir avec le roi Salomon... La porte s'ouvrit. Le capitaine Haydock revenait. Il s'approcha de Tuppence et, toujours plein de fureur, brailla : — Où l'avez-vous mis ? Où l'avez-vous caché ? Ébahie, Tuppence le regarda avec des yeux ronds. Elle n'y comprenait rien. Ce que disait Haydock n'avait pas le moindre sens. Elle n'avait rien pris. Elle n'avait rien caché. — Sortez ! ordonna Haydock à Anna. Anna lui rendit le pistolet et quitta la pièce. Haydock se laissa tomber dans un fauteuil. Il paraissait lutter pour reprendre le contrôle de lui-même. — Vous ne vous en tirerez pas comme ça ! éructa-t-il. Je vous tiens... et j'ai tous les moyens de vous faire parler... des moyens pas très sympathiques. Au bout du compte, vous finirez bien par me dire la vérité. Alors,qu'est-ce que vous en avez fait ? Tuppence comprit instantanément qu'il y avait là, au moins, quelque chose qui lui ouvrait l'éventualité d'un marchandage. Si seulement elle avait pu savoir ce qu'il croyait être en sa possession... — Comment savez-vous que je l'ai ? interrogea-t-elle avec prudence. — À cause de ce que vous avez dit, pauvre idiote ! Vous ne l'avez pas sur vous, puisque nous savons que vous vous êtes entièrement changée pour revêtir cet uniforme. — Et si on disait que je l'ai envoyé par la poste ? — Ne soyez pas sotte. Nous avons vérifié tout ce que vous avez pu poster depuis hier. Vous ne l'avez pas envoyé par la poste. Non, vous ne pouvez en avoir fait qu'une seule chose : vous l'avez caché à Sans Souci avant de partir ce matin. (à suivre...)