Revers Les nombreux supporters algériens qui se sont déplacés lors des trois premiers matches à Sousse n?ont pas gravé leur passage que de bons souvenirs, ils ont aussi laissé quelques notes salées. Venus en force de tous les coins du pays, mais aussi d?Europe, notamment de France, les supporters de l?Equipe nationale ont été l?une des attractions de cette CAN 2004 au point que tous les médias présents se sont mis à dire que Sousse était devenue un coin de l?Algérie. Ce fut même une grande première dans l?histoire des phases finales de la CAN qu?un pays se targue d?évoluer quasiment à domicile. Selon les chiffres officiels du Cocan que le président Raouraoua a révélés, près de 50 000 rentrées payantes ont été enregistrées pour les trois matches de l?Algérie au stade olympique de Sousse. Au niveau des frontières, les chiffres ne sont pas encore connus, mais on a évalué le passage d?environ 35 000 ressortissants algériens en deux semaines, ce qui est un record ! Côté ambiance, les Algériens étaient les meilleurs avec leur chaud tempérament de fêtards, leur spectacle souvent comparé aux meilleures galeries des clubs européens et leur sens de l?improvisation (toutes ces chansons dédiées aux Verts, ces refrains anti-égyptiens aussi), ce qui explique, en plus des relations fraternelles avec les frères tunisiens, le ralliement de tous les autres présents (touristes étrangers surtout) à la cause algérienne. Les organisateurs du pays hôte étaient même un peu jaloux de ce déferlement et de cet enthousiasme des fans des Verts qui tranchaient étrangement avec l?ambiance assez froide de Radès où évolue l?équipe de Tunisie. Toutefois, ce beau tableau ne devrait pas cacher le revers de la médaille et le comportement de certains supporters qui ont un peu gâché la fête en égratignant l?image d?un pays soucieux de donner une vitrine aseptisée et une quiétude pour ses touristes (première rentrée en devises du pays) en donnant, au passage, une mauvaise image du nôtre. En effet, tous les observateurs n?ont pas apprécié que les hymnes nationaux des adversaires de l?Algérie soient sifflés, car cette attitude est jugée antisportive. Si face à l?Egypte, des explications peuvent être trouvées dans la rivalité footballistique trop tendue et cultivée entre les deux pays ? encore que cela n?est pas justifié ?, ce n?est pas le cas face au Cameroun ou au Zimbabwe. La contagion s?est vite propagée au stade de Radès où des sifflements ont été entendus à l?entame du match Tunisie-Guinée. Ce qui a poussé le président de la FAF, M. Raouraoua, désormais membre du comité exécutif de la CAF, à proposer la suppression des hymnes avant les matches afin d?éviter de toucher aux symboles et à l?intégrité de chaque nation. A creuser. Le président de la FAF a également adressé une lettre au gouverneur de Sousse dans laquelle il a tenu à remercier les autorités et la population soussiennes d?avoir bien accueilli les supporters algériens et d?avoir mis tous les moyens pour faciliter leur séjour dans la perle du Sahel. Il s?excusera également pour le comportement de certains qui ont eu des altercations avec les forces de l?ordre (qui ont dû user de leurs matraques), pour les dépassements d?autres (vols, états d?ébriété, se restaurer sans payer, tapage nocturne, conduite dangereuse, ?) et pour les jets de projectiles contre la tribune officielle lors du derby face à l?Egypte à la suite des provocations d?un individu présent dans cet espace. Des leçons à méditer et à retenir pour l?avenir, car le problème est en nous. D?ailleurs, depuis tous ces incidents, bien que minimes, signalés ici et là, les services de sécurité tunisiens ont décidé de faire sortir le renfort et la grosse «artillerie» pour parer à tout dépassement des imprévisibles supporters algériens.