Résumé de la 141e partie n Tuppence et Tommy se sont avoué que Betty était une excellente couverture pour Mrs Sprot, puisque tous deux n'ont à aucun moment douté d'elle... — Bien vilains, en effet, répliqua Mr Grant. Dans Petit jack Horner, il y avait notre dispositif naval au grand complet. Johnny Tête-en-l'air contenait l'essentiel du déploiement de notre aviation. Et tout ce qui concernait l'armée avait, tout naturellement, trouvé sa place dans Il était un petit homme, avec un petit canon... — Et dans Petit jars, petite oie ? s'enquit Tuppence. — Eh bien ! traité avec un réactif approprié, ce livre nous a révélé, écrite à l'encre sympathique, une liste exhaustive d'importants personnages tout disposés à faciliter l'invasion de notre pays. Entre autres les responsables de la police de deux comtés, un général de division aérienne, deux généraux d'armée, le directeur d'une usine d'armements, un membre du cabinet... Sans parler de policiers d'un rang inférieur, de commandants, de volontaires de la Défense locale, et de tout un menu fretin de militaires et de marins, aussi bien que d'agent de notre propre service de renseignement... Tommy et Tuppence se regardèrent, ébahis. — C'est incroyable ! jeta Tommy. Grant secoua la tête. — Vous ne mesurez pas la puissance de la propagande allemande. Elle agit sur ce qu'il peut y avoir d'inné chez certains hommes : le désir, l'appétit du pouvoir. Tous ces gens étaient prêts à trahir leur pays, non pas pour de l'argent, mais par une sorte d'orgueil mégalomaniaque de ce qu'ils allaient, eux, accomplir pour ce même pays. C'est le culte de Lucifer... Lucifer, la lumière du Malin. Oui, de l'orgueil, et la quête éperdue d'une gloire personnelle... Vous pouvez bien imaginer qu'avec des responsables comme ceux-là aux postes de commande, donnant des ordres contradictoires et semant la confusion dans les opérations, l'invasion qui nous menace avait toutes les chances de réussir. — Et maintenant ? demanda Tuppence. Mr Grant sourit. — Maintenant ?... Qu'ils y viennent ! Nous les attendons de pied ferme ! — Maman chérie, dit Deborah, je dois vous avouer que j'ai bien failli croire des choses abominables sur votre compte. — Ah bon ? Quand ça ? s'enquit Tuppence. Ses yeux étaient fixés, pleins de tendresse, sur le visage de sa fille. — Eh bien, quand vous avez mis le cap sur l'Écosse pour rejoindre père, alors que je vous croyais chez tante Gracie. J'étais à deux doigts de penser que vous aviez un amant. — Voyons, Deb ! — Oh, je n'y ai jamais vraiment cru. Pas à votre âge...Et puis je sais que Poil-de-Carotte et vous, vous vous adorez. En fait, c'était un crétin, un certain Antony Marsdon, qui m'avait fourré cette idée-là dans la tête.Vous savez, mère — je crois que je peux vous mettre au courant —, eh bien, on a découvert par la suite qu'il était membre de la Cinquième Colonne. Il racontait sans arrêt des trucs bizarres... que rien ne changerait et que tout irait peut-être même mieux si Hitler gagnait la guerre... — Est-ce que... est-ce qu'il te plaisait ? — Tony ? Oh non !... je l'ai toujours trouvé rasoir...Je vous abandonne : je ne peux pas ne pas danser celle-là. (à suivre...)