Mesure n Le Président du Nigeria a ordonné aux services de sécurité de se mettre en «alerte totale» dans le nord du pays, théâtre d'affrontements. Umaru Yar'Adua a demandé «aux agences nationales de sécurité de prendre toutes les mesures nécessaires pour contenir et repousser les attaques choquantes des extrémistes contre des stations de police et des bâtiments publics dans certains Etats de la Fédération», indique la présidence dans un communiqué diffusé hier, lundi. Les affrontements qui se sont produits dans le nord du Nigeria dimanche et lundi derniers entre forces de l'ordre et islamistes radicaux se réclamant des talibans d'Afghanistan ont fait au moins 150 morts dans plusieurs villes du pays.Ces violences ont éclaté dimanche dernier, quand la police a déjoué une attaque prévue par les «talibans» contre l'un de ses postes, dans l'Etat de Bauchi. Elles se sont ensuite propagées dans la région. Dans l'Etat de Borno, au nord-est du pays, des membres de la secte «Taliban» ont attaqué la ville de Gamboru-Ngala, frontalière avec le Cameroun. Ils y ont «brûlé vif un officier des douanes et égorgé un ingénieur local», mis le feu à un poste de police, à des bâtiments des douanes et à une église, selon un habitant. Les islamistes radicaux, lourdement armés, se sont ensuite dirigés vers la capitale de Borno, Maiduguri où des combats se sont déroulés hier lundi. «La situation a dégénéré en d'importants combats entre les talibans et les soldats et la police. Depuis ce matin, on n'entend que des balles», a déclaré un habitant de la ville. «Beaucoup de bâtiments officiels ont été brûlés, dont la prison centrale, ainsi que plusieurs églises», a-t-il indiqué, ajoutant que les rues étaient désertes. Hier après-midi, les «talibans» ont attaqué un quatrième Etat septentrional, celui de Kano. «Un nombre indéterminé de ces extrémistes a attaqué le poste de police de Wudil, ville située à 30 km à l'est de Kano, capitale de l'Etat éponyme», a indiqué le porte-parole de la police locale. La police affirme avoir tué trois assaillants et en avoir arrêté 33. Les policiers se sont déployés dans cette ville se préparant à lancer une offensive contre des membres de la secte pour les déloger d'une mosquée. La secte des «talibans» s'est fait connaître en 2004 quand elle a établi sa base dans le village de Kanamma (Etat de Yobe), à la frontière avec le Niger. Composée essentiellement d'étudiants ayant abandonné leurs études, elle comptait à ses débuts environ 200 jeunes musulmans extrémistes. Sa taille actuelle est inconnue. A l'instar de l'ancien régime taliban en Afghanistan, elle veut instaurer un Etat «islamique pur» dans le nord du Nigeria. Depuis 2004, des heurts entre «talibans» et forces de l'ordre ont éclaté de manière sporadique dans différents Etats du nord, mais le bilan des violences depuis dimanche est le plus lourd que la secte ait enregistré à ce jour.