Si on confond parfois le saint ou wali avec le magicien, c'est parce qu'ils recourent tous les deux au merveilleux. Mais en réalité, la distinction entre les deux fonctions est très nette. Alors que le magicien recourt au surnaturel pour acquérir des pouvoirs personnels, le saint réalise des prodiges, au nom de Dieu, pour appeler les hommes à la foi ou confondre ceux qui doutent. Dans la doctrine même, on prend soin de distinguer entre le miracle, en arabe mu'âdjiza, réservé aux prophètes et aux envoyés pour prouver l'authenticité du message dont ils sont porteurs, et les karamates, prodiges que les saints réalisent au nom de Dieu. La tradition populaire regorge de ces karamate dont certains saints auraient usé à l'extrême et parfois de façon cocasse : hommes changés en femmes ou animaux, foudre frappant les maisons des ennemis, adversaires pondant des œufs, etc. On assiste même à des «combats» à coups de prodiges entre saints de différentes régions. Ainsi, sidi Benaouda, le célèbre saint oranais croit impressionner Sidi Abderrahamane d'Alger en faisant dormir son lion dans l'étable de son hôte ou se trouve sa vache. Le lendemain c'est la vache qui dévore le lion ! Mais il s'agit là de légendes populaires qui n'ont pas toujours l'adhésion des autorités religieuses officielles.