Rites On est parfois tenté, parce que tous deux recourent au merveilleux, de confondre les saints, al-awliya?, avec les magiciens. Certaines personnes officiant dans les mausolées pratiquent effectivement la magie ou une forme de magie. C?est le cas, par exemple, de la fameuse confrérie de Sidi Blal, originaire d?Afrique noire, qui procédait à des sacrifices sanglants pour chasser les démons et à des danses de possession. Dans d?autres sanctuaires, on s?adonnait ouvertement à des actes de magie, au nom du sel. Derrière le lycée Emir-Abdelkader d?Alger, se trouve le sanctuaire de Sidi H?lal. Autrefois, les femmes qui se croyaient victimes d?une injustice faisaient chauffer du sel dans leur foyer et l?apportaient au mausolée. Elles y déposent leur sel et prennent une poignée de sel qui se trouve sur place qu?elles jettent dans la maison de celui ou de celle qui l?a opprimée et qui ne manquera pas d?être punie ! Mais la distinction entre le magicien et le saint est toujours faite. Alors que le magicien recourt au surnaturel pour acquérir des pouvoirs personnels, le saint réalise des prodiges, au nom de Dieu, pour appeler les hommes à la foi ou confondre ceux qui doutent. Dans la doctrine même, on prend soin de distinguer entre le miracle, en arabe mu?âdjiza, réservé aux prophètes et aux envoyés pour prouver l?authenticité du message dont ils sont porteurs, et les karamate, prodiges que les saints réalisent au nom de Dieu. La tradition populaire regorge de ces karamate dont certains saints auraient usé à l?extrême et parfois de façon cocasse : hommes changés en femmes ou en animaux, foudre frappant les maisons des ennemis, adversaires pondant des ?ufs, etc. On assiste même à des «combats» de prodiges entre saints de différentes régions. Ainsi, Sidi Benaouda, le célèbre saint oranais, croit impressionner Sidi Abderrahmane d?Alger en faisant dormir son lion dans l?étable de son hôte où se trouve sa vache. Le lendemain, la vache aura dévoré le lion !