Cinéma De jeunes réalisateurs, certes amateurs mais connaisseurs, se font connaître et remarquer par leurs créations. La filmathèque Mohamed-Zinet de Riad el-Feth a abrité, ce week-end, la projection de deux courts-métrages : Le plus beau de tous les tangos du monde, une fiction de 17 min réalisée par Yanis Koussim, et N?rrouhou, un film de 15 min de Mounes Khammar, deux jeunes amateurs qui, se vouant corps et âme au septième art, ont concouru au dernier festival de Timimoun. Le premier film montre des scènes poignantes : une femme, une grand-mère qui, attachée à ses lointains souvenirs, vit toute seule. Ce personnage, solitaire et pathétique, ne vit qu?au travers des souvenirs qui lui rappellent son défunt mari et qui sont évoqués par une musique de tango, d?où l?intitulé du film. La musique devient un lien de rapprochement, un élément évocateur auquel le protagoniste, harassé et atterré par le temps, s?identifie ; il s?en imprègne pour justifier son existence, afin de se donner une raison de vivre, car, à son âge et sans sa «moitié», rien n?est plus comme avant. En outre, tout lui semble insignifiant, inexistant. Le second film raconte, sur une idée originale du réalisateur, une histoire d?amour rapprochant deux pions d?un jeu d?échecs. Il s?agit d?un «amour de bois», un amour romanesque à la Roméo et Juliette. Les deux films sont corrects, réalisés avec un certain savoir-faire. Yanis Koussim privilégie le détail à l?ensemble. Ce sont les gestes, les déplacements et la présence du protagoniste qui donnent au film tout son réalisme et toute sa consistance, ainsi que l?atmosphère qui y règne, une atmosphère faisant ressortir la solitude, une solitude silencieuse dans laquelle est ancré l?acteur principal. Mounes Khammar, quant à lui, met l?accent sur le mouvement ; l?animation, précise et élaborée, donne au film plus de vie et une dimension artistique d?une certaine envergure. D?autres réalisateurs, comme Yahia Mozahem, Foudala, Karim Moussaoui, Omar Chouchan ou encore Nadir Hadef viennent rejoindre Yanis Koussim et se font remarquer par leurs réalisations. Tous jeunes et passionnés de septième art, ils nourrissent l?ambition de fabriquer ? et de créer ? l?image, tous font partie de cette nouvelle génération de réalisateurs algériens, dynamiques et pleins de talent qui aspirent à prendre, un jour, la relève, en réalisant des films en 35 mm. Car pour l?instant, contrairement aux professionnels, leurs aînés, c?est avec une caméra numérique, à défaut de matériel à la hauteur du septième art, qu?ils confectionnent l?image, imaginent l?espace scénique. En dépit du manque de moyens et de l?inexistence d?un environnement favorable à l?expression de leur talent ou à l?épanouissement de l?art qui associe d?une manière si subtile le son à l?image dans toute sa diversité et sa créativité, ils sont parvenus à concrétiser diverses réalisations filmiques, montrant que le septième art existe toujours en Algérie, même s?il est exercé par des amateurs.