Résumé de la 1re partie A force de s?entendre toujours dire qu?il avait la tête dans les nuages l?enfant ne désirait plus qu?une chose : devenir un nuage ! Brusquement, il se leva un vent puissant, une espèce de souffle intersidéral qui envoya rouler au milieu des constellations l'enfant nuage. Ce dernier, évitant de justesse le coup de patte hargneux de la Grande Ourse, fit escale sur un des plateau de la Balance ? qui, depuis lors, est faussée ?, s'effilocha aux cornes du Taureau, prit un des Poissons dans ses mailles, arracha au Bélier un peu de sa toison et, se glissant entre les Gémeaux, atterrit enfin entre les bras secourables de la Vierge. Sa folle course avait évidemment bouleversé l'ordre bien établi des signes du zodiaque ; on tenta de réparer comme on put, mais il en resta toujours quelque chose ; et c'est depuis ce jour que les calculs de nos éminents astrologues ne sont plus tout à fait fiables ? l'exactitude de leur science ne devant pas pour autant être remise en question ! L'enfant nuage serait bien encore resté entre les bras aimants de la Vierge, mais telle n'était pas sa destinée. Il était dit qu'il rendrait visite à la Lune. Les habitants de Séléné l'accueillirent avec tous les honneurs. Il fut de toutes les réceptions, de tous les banquets : pensez donc, un messager fait de vapeur sur un astéroïde qui avait perdu jusqu'à la mémoire de l'eau ! Il écouta poliment tous les discours, quelques farfelus qu'ils fussent, goûta à tous les mets, même aux plus étranges, et repartit repu et convaincu qu'il existait bien, à travers l'Univers, des gens avec lesquels il n'était pas difficile de s'entendre ! Un vent lunaire le ramena dans notre atmosphère. Le passage ne s'y fit pas sans mal : il eut tout d'abord l'impression de pénétrer dans une fournaise, ce qui le fit transpirer à grosses gouttes ; suivit alors un refroidissement tel qu'il se sentit environné de mille cristaux de glace ; ces derniers exposés, au fur et à mesure de la progression de sa chute, à l'ardeur des rayons solaires, se vaporisèrent et notre innocent petit cirrus se transforma en un formidable cumulus grondant d'orages contenus. La forte pression, jointe à l'électricité statique, fit enfler démesurément le nuage jusqu'à le faire crever en une averse aussi violente qu'espérée qui rafraîchit en un clin d'?il la terre surchauffée. Et l'enfant se retrouva suffoquant sous la bénéfique ondée. Nul n'eut jamais vent de son extraordinaire aventure car il sut parfaitement la taire, mais son comportement changea. Il devint davantage présent et même plus sûr de lui. Ses parents et ses maîtres l'en félicitèrent : il avait, enfin, choisi de fréquenter ce monde rationnel et logique ; ils l'imaginaient déjà coiffant le tricorne du polytechnicien ! Lui, il en riait bien sous cape : il avait déjà décidé quelle serait sa vie, et la logique n'y entrait pas pour grand-chose? Il serait poète ! Qu'ils pensent ce qu'ils voudront : On ne le forcerait pas, Personne ne lui en donnerait à croire, Il n'en ferait qu'à sa guise, Il serait têtu comme un âne, Après tout, malgré les apparences, il n'était pas né de la dernière pluie !