Résumé de la 1re partie Hafida passa enfin son bac. Elle l'obtint avec la mention «très bien». Ses parents étaient heureux, ce ne fut pas le cas de son frère aîné qui s'approcha d'elle, livide. Son frère au lieu de la féliciter, lui dit sèchement : «Maintenant que c'est enfin terminé, tu vas rester à la maison. C'est bien beau que tu sois arrivée au bac...» Abasourdie, elle n'osait croire ce qu'elle entendait. Elle chercha son père comme une noyée une bouée de sauvetage. Elle le regarda avec des yeux ahuris, interrogateurs comme pour lui dire : «Qui commande ici, qui... ?» Aucun son ne sortit de sa bouche haletante. Face à elle, son père baissa la tête. Elle comprit que ce dernier s'était entendu avec Saleh dans son dos. Elle se sentait prise au piège. Et, dans un désarroi total, elle hurla de toutes ses forces : «Non, non...» Et comme pour achever une bête blessée, son père, avec une petite voix, confirma les dires de son fils. Abattue, vidée, elle se dirigea vers sa chambre et se jeta sur son lit en sanglotant. Pendant plusieurs jours, elle resta figée, cloîtrée, refusant toute discussion et toute nourriture. Sa mère lui demanda d'être patiente. Elle leva vers elle des yeux pleins de tristesse et voulut lui dire qu'elle aurait aimé consommer sa joie. Malheureusement, elle était irrémédiablement cassée. Elle voulut lui dire qu'elle n'avait jamais eu droit au chapitre des décisions. Elle se rétracta, car elle ne voulait pas la vexer, pas elle, elle ne l'aurait jamais fait auparavant. Finalement, sa mère sortit de sa réserve en parlant à son fils. Ce dernier resta intransigeant. Elle lui fit comprendre que si son père n'avait pas voulu le contredire devant sa s?ur, c'était pour ne pas remettre en question son autorité : «Où est le mal mon fils de voir sa s?ur architecte. A ce moment-là, toi, tu seras un grand commerçant...» Elle continua à parler après avoir repris son souffle : «Tu pourrais être plutôt entrepreneur ou financer une entreprise de ce genre. En faisant équipe avec ta s?ur, ce sera une affaire de famille, vous êtes tous les deux l'orgueil et la fierté de votre père. Toi avec ton sens des affaires et elle avec ses brillantes études. L'une des principales qualités d'un homme, c'est sa bonté vis-à-vis de sa famille. Je vous aime autant l'un que l'autre ...» Elle continua dans un sanglot : «Et vous voir comme ça me fend le c?ur...» Saleh prit sa mère dans ses bras pendant un instant sans prononcer un mot et sortit de la maison. Hafida se dirigeait vers la chambre de ses parents quand elle entendit parler, elle s'arrêta net dans le couloir jusqu'à la fin de la conversation. Le silence de son frère était le reflet de son intransigeance. Elle poursuivit son chemin tout en regardant sa mère pleurer. Elle entra dans la chambre de cette dernière, ouvrit l'armoire et prit tous les médicaments qui s'y trouvaient y compris les somnifères. Une fois dans sa chambre, elle s'assit sur son lit, prit un verre d'eau qu?elle déposa sur sa table de chevet, avala un à un tous les comprimés, les yeux vidés de toute expression, le geste automatique. Elle mit ses jambes sous le couvre-lit et s'allongea, les yeux grands ouverts vers le plafond. Elle les referma quelques minutes après. Puis, elle sombra dans un doux et mielleux sommeil. Elle se sentait légère, son lit moelleux tel un nuage flottant dans un ciel bleu azur. Elle se voyait porter une robe blanche qui scintillait sous les reflets chauds du soleil. Cette robe lui recouvrait tout le corps comme une douce chaleur. Soudain, le nuage prit la direction opposée au vent, elle s'agrippa tant bien que mal, les yeux fermés, le c?ur battant violemment. Puis cessa la tourmente et le nuage s'immobilisa. Elle ouvrit difficilement les paupières et vit devant elle l'espoir, l'espoir de sa vie, une route bordée de palmiers et d'arbres taillés au carré, chaque arbre était entouré de fleurs multicolores dont le parfum lui arrivait jusqu'aux narines. Au-delà de la route, une grande bâtisse blanche, dont l'enseigne clignotait au loin «Ecole supérieure d'architecture». Elle tenta de descendre du nuage et vit avec horreur qu'entre elle et la route boisée, une bande de terre rouge les séparait. (à suivre...)