Jamais méthode médicale n'a réussi à attirer autant d'hostilité que l'homéopathie. Au XIXe siècle, lors de sa fondation, elle s'est attiré les foudres des sommités scientifiques et littéraires de l'époque. Ainsi, en France, le docteur Trousseau, dont un hôpital parisien porte le nom aujourd'hui et qui était titulaire de la chaire de thérapeutique à la faculté, écrivait : «L'homéopathie est un système médical qui a pour base l'inconnu, pour but l'impossible et pour résultat, la nullité». Un autre médecin français connu, le docteur Bouillaud, membre de l'Académie de médecine et professeur de clinique médicale, s'exclamait : «Si je voyais des guérisons par homéopathie, je n'y croirais pas !». Il est vrai que ce docte professeur avait nié l'invention du phonographe : «Ce n'est, disait-il, qu'une supercherie, due à un habile ventriloque ! Un autre médecin, qui brillait en son temps, et qui est oublié aujourd'hui, un certain docteur P. A. Manec Jeune, écrivait dans un livre consacré à l'homéopathie : «Ne faudrait-il pas mettre les homéopathes dans l'impossibilité de nuire, comme on y met les autres espèces de fou ?». Quant à Prosper Mérimée, l'auteur de Colomba et de Carmen, qui était un écrivain moderne, ouvert sur les progrès de son siècle, écrivait, non sans humour, à propos d'un médecin homéopathe : «Il a dans sa poche 154 médecines au moyen desquelles il peut guérir homéopathiquement deux millions de malades. Il dit que c'est une nouvelle phase de la médecine. Lisez : farce».