Au moment où le monde tourne à plein régime, l'Algérie se repose. La suppression du week-end universel en juin 1976 par feu Houari Boumediene constitue l'une des causes directes de l'agonie où est plongée l'Algérie. Dans l'esprit des gouvernants de l'époque, le passage au week-end islamique était la meilleure façon de purifier le pays et l'éloigner davantage de l'emprise du colonialisme. L'année 1976 était également l'année où les forces arabo-baâthistes ont mis le pays sous leur coupe pour ne plus se libérer. Le passage du week-end universel au week-end islamique a eu des effets néfastes sur la vie socioéconomique de l'Algérie. En effet, le cataclysme qui a frappé l'économie nationale n'est plus à démontrer. Depuis 1976, l'Algérie chôme quatre jours sur sept. L'économie mondiale vit au rythme des jours ouverts du lundi au vendredi inclus, les samedis et les dimanches étant chômés. Autrement dit, les jours où le commerce international tourne à plein régime, l'Algérie n'en profite pas. En effet, les lundis, mardis et mercredis sont les seuls jours où les travailleurs du reste du monde peuvent contacter leurs homologues en terre musulmane. De ce fait, le manque à gagner est estimé par les experts à près de quatre milliards de dollars par an. Aujourd'hui, et avec les accords de l'Union européenne et la prochaine adhésion de l'Algérie à l'OMC, force est de reconnaître que le débat cartésien sur le week-end universel prend de plus en plus le dessus sur le sentiment spirituel au sein de la société. Même si l'idée d'un retour au week-end universel fait sourire certains, les faits sont là pour prouver une telle nécessité d'autant qu'en termes de croissance l'Algérie, en changeant les jours du week-end, gagnerait beaucoup, selon les experts. A titre d'exemple, le dédommagement d'un bateau accosté au large revient entre 500 et 1500 dollars par jour. Et quand on sait que les délais d'arrimage des bateaux peuvent aller jusqu'à plus d'une semaine, le compte est facile à faire pour estimer les pertes. Néanmoins, si les échanges commerciaux, notamment les matières premières, ne sont pas affectés par le congé hebdomadaire algérien, il n'en est pas de même pour les banques et les transitaires. Les spécialistes estiment que 10% du chiffre d'affaires est grignoté sur le Trésor public. La fermeture des banques affectent aussi les transitaires qui sont dans l'obligation de payer la «surestarie», une amende payée en dollars. «Si un document manque, si une erreur est constatée dans la facturation en fin de semaine, rien ne peut se faire jusqu'au lundi d'après, sachant que les banques ferment les samedis et dimanches dans la plupart des pays», a déclaré un transitaire. Le cas reste valable pour la domiciliation bancaire du fait que la marchandise importée demeure en souffrance au niveau du port pendant les quatre jours de repos. De ce fait, un retour au week-end universel s'impose quitte à égratigner certaines sensibilités d'autant que la volonté politique existe. Le président du RCD, M.Saïd Sadi en avait même fait son cheval de bataille, lors de sa campagne électorale pour la dernière présidentielle. «Si je suis élu, je rétablirai le week-end universel tout en réservant une plage horaire pour la prière du vendredi», ne cessait-il de clamer. Un point de vue largement partagé par le chef de l'Etat qui estime qu'il faut accrocher l'Algérie à l'international. «Cela passe aussi par la normalisation des jours de repos. Songez que pour nous, les banques, il n'y a ici que trois jours véritables de travail, lundi, mardi et mercredi. Venez le jeudi, vous verrez : l'activité est archi-réduite», avait-il souligné déjà en 2002. De ce fait la volonté d'un retour au week-end universel existe réellement d'autant que le contexte économique et social mondial s'y prête. Et il suffit de bien peu de choses, une simple décision, par ordonnance ou par décret, et l'Algérie retrouvera le bercail de la communauté universelle. Mais faudra-t-il vraiment le vouloir avant...d'y croire?